Морган Райс - Esclave, Guerrière, Reine стр 9.

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Elle regarda au loin et vit le ciel brusquement éclairé par la foudre. Trois secondes plus tard, le tonnerre grogna dans les cieux.

Ne s'était-elle pas rendue compte à quel point ils étaient pauvres ? Elle avait toujours supposé que leur famille s'en tirerait mais ces nouvelles changeaient tout. Maintenant, elle n'aurait plus Papa à qui se raccrocher et il n'y aurait personne pour servir de bouclier entre elle et Maman.

Elle resta où elle était, immuable, pendant que ses larmes tombaient l'une après autre sur la terre désolée. Fallait-elle qu'elle renonce à ses rêves et qu'elle suive les conseils de son père ?

Il sortit quelque chose de derrière son dos, et Ceres écarquilla les yeux quand elle vit une épée dans sa main. Il se rapprocha et elle regarda l'arme en détail.

C'était une épée impressionnante. Sur le pommeau en or pur, un serpent était gravé. La lame était à double tranchant et semblait être en acier de qualité supérieure. Bien que la confection fût étrangère à Ceres, elle comprit immédiatement que c'était une arme de qualité exceptionnelle. Sur la lame elle-même, il y avait une inscription.

Quand le cœur rencontre l'épée, la victoire est proche

Le souffle coupé, ébahie, elle regarda fixement l'épée.

“C'est toi qui l'as forgée ?” demanda-t-elle, les yeux rivés sur l'épée.

Il hocha la tête.

“A la façon des gens du nord”, répondit-il. “J'ai travaillé trois ans dessus. En fait, rien que cette lame suffirait à nourrir notre famille toute une année.”

Elle le regarda.

“Dans ce cas, pourquoi ne pas la vendre ?”

Il secoua fermement la tête.

“Elle n'a pas été fabriquée pour ça.”

Il se rapprocha et, à sa grande surprise, il la lui tendit.

“Elle a été fabriquée pour toi.”

Ceres leva une main à la bouche et poussa un gémissement.

“Moi ?” demanda-t-elle, abasourdie.

Son père lui fit un grand sourire.

“Avais-tu vraiment pensé que j'avais oublié ton dix-huitième anniversaire ?” répondit-il.

Elle sentit les larmes lui envahir les yeux. Elle n'avait jamais été aussi émue.

Mais alors, elle pensa à ce qu'il avait dit avant, quand il lui avait dit qu'il ne voulait pas qu'elle devienne guerrière, et elle se sentit perplexe.

“Pourtant”, répondit-elle, “tu as dit que je ne devais pas m'entraîner.”

“Je ne veux pas que tu meures”, expliqua-t-il, “mais je vois ce qui te passionne et c'est une chose que je ne peux contrôler.”

Il lui passa la main sous le menton et lui souleva la tête jusqu'à ce que leurs regards se rencontrent.

“Je suis fier que tu aies cet idéal.”

Il lui tendit l'épée et, quand elle sentit le métal froid contre sa paume, elle ne fit qu'un avec son arme. Le poids était parfait pour elle et on aurait dit que le pommeau avait été façonné pour sa main.

Tout l'espoir qui avait péri auparavant se réveilla alors dans sa poitrine.

“Ne le dis pas à ta mère”, avertit-il. “Cache-la à un endroit où elle ne pourra pas la trouver, ou elle la vendra.”

Ceres hocha la tête.

“Combien de temps pars-tu ?”

“J'essaierai de revenir vous voir avant les premières neiges.”

“Mais c'est dans plusieurs mois !” dit-elle en reculant d'un pas.

“C'est ce que je dois faire pour —”

“Non. Vends l'épée et reste !”

Il lui plaça une main sur la joue.

“Vendre cette épée pourrait nous aider pour cette saison, et peut-être pour la suivante, mais ensuite ?” Il secoua la tête. “Non. Il nous faut une solution à long terme.”

A long terme ? Soudain, elle se rendit compte que le nouveau travail de son père n'allait pas seulement durer quelques mois mais peut-être des années.

Son désespoir s'accrut.

Comme si son père l'avait senti, il s'avança et la serra contre lui.

Elle sentit qu'elle commençait à pleurer dans ses bras.

“Tu me manqueras, Ceres”, dit-il par-dessus son épaule. “Tu es différente de tous les autres. Tous les jours, je regarderai les cieux et je saurai que tu es sous les mêmes étoiles. En feras-tu autant pour moi ?”

D'abord, elle eut envie de lui crier après, de lui dire : comment oses-tu me laisser ici toute seule ?

Cependant, elle sentait dans son cœur qu'il ne pouvait pas rester et elle ne voulait pas lui rendre les choses plus difficiles qu'elles ne l'étaient déjà.

Une larme lui coula sur le visage. Elle renifla et hocha la tête.

“Je me tiendrai sous notre arbre chaque nuit”, dit-elle.

Il l'embrassa sur le front et la prit tendrement dans ses bras. Ses blessures au dos lui faisaient aussi mal que des couteaux mais elle serra les dents et resta silencieuse.

“Je t'aime, Ceres.”

Elle voulait lui répondre mais ne pouvait rien dire car ses mots restaient coincés dans sa gorge.

Il alla chercher son cheval à l'étable et Ceres l'aida à le charger avec de la nourriture, des outils et des provisions. Il la prit une dernière fois dans ses bras et elle crut que la tristesse allait lui fendre la poitrine. Pourtant, une fois de plus, elle fut incapable de prononcer le moindre mot.

Il monta sur son cheval et hocha la tête avant de faire signe à l'animal de bouger.

Ceres lui fit des signes de la main alors qu'il s'éloignait. Elle le regarda avec une attention inébranlable jusqu'à ce qu'il disparaisse derrière la colline lointaine. Le seul véritable amour qu'elle ait jamais connu venait de cet homme et, maintenant, il était parti.

La pluie se mit à descendre des cieux et elle lui gratta le visage.

“Papa !” cria-t-elle aussi fort que possible. “Papa, je t'aime !”

Elle tomba à genoux et s'enfouit les mains dans le visage en sanglotant.

Elle savait que la vie ne serait plus jamais la même.

CHAPITRE TROIS

Bien qu'elle ait mal aux pieds et que ses poumons la brûlent, Ceres grimpa à la colline escarpée aussi vite que possible sans renverser une goutte d'eau des deux seaux qu'elle portait, un de chaque côté. Normalement, elle aurait fait une pause mais sa mère avait menacé de la priver de petit-déjeuner si elle n'était pas revenue à l'aube, et être privée de petit-déjeuner signifiait qu'elle n'aurait plus rien à manger jusqu'au dîner. De toute façon, la douleur la gênait pas, car elle lui permettait au moins de ne plus penser ni à son père ni à la misérable nouvelle vie qu'elle menait depuis qu'il était parti.

A présent, le soleil franchissait tout juste les monts Alva à l'horizon et peignait en rose doré les nuages éparpillés au-dessus. Une douce brise soupirait dans les hautes herbes jaunes qui poussaient de chaque côté de la route. Ceres inspira le frais air matinal par le nez et se força à aller plus vite. Pour sa mère, ce ne serait pas une excuse acceptable de dire que leur source habituelle s'était tarie ou qu'il y avait une longue file d'attente à l'autre source qui se trouvait huit cent mètres plus loin. Effectivement, elle ne s'arrêta que quand elle atteignit le sommet de la colline et, quand elle y fut, elle s'arrêta sur place, abasourdie par ce qu'elle voyait devant elle.

Là-bas, au loin, se trouvait sa maison et, devant, il y avait un chariot en bronze. Sa mère se tenait devant le chariot et discutait avec un homme qui était si obèse que Ceres pensait qu'elle n'avait jamais vu d'homme qui fasse ne serait-ce que la moitié de sa taille. Il portait une tunique en lin bordeaux et un chapeau de soie rouge, et sa longue barbe était touffue et grise. Elle plissa les yeux en essayant de comprendre. Était-ce un marchand ?

Sa mère portait sa plus belle robe, une robe longue de lin vert qu'elle avait achetée des années auparavant avec l'argent qui était supposé servir à acheter de nouvelles chaussures à Ceres. Tout cela était absurde.

Avec hésitation, Ceres commença à descendre la colline. Elle gardait les yeux rivés sur eux et, quand elle vit le vieil homme tendre à sa mère un lourd sac de cuir et le visage émacié de sa mère s'illuminer, sa curiosité ne fit que s'accroître. Est-ce que la chance était venue frapper à leur porte ? Est-ce que Papa pourrait rentrer à la maison ? Ces pensées la calmèrent un peu, même si elle s'interdisait de ressentir aucune excitation que ce soit jusqu'à ce qu'elle ait appris tous les détails.

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