Морган Райс - Une Étreinte Pour Des Héritières стр 3.

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Il repartit dans le palais d’Ashton, qui avait été aussi abîmé et changé que le reste de la ville. Il n’avait que faire des trous que les explosions avaient creusés dans les murs au cours de la bataille ou des bureaux et des casernes qui avaient pris la place des chambres des nobles d’autrefois. Des cris venaient d’une des pièces où ses interrogateurs torturaient un domestique pour trouver ce qu’il savait sur la ville. Le Maître des Corbeaux haussa les épaules et continua à marcher.

Il s’arrêta brièvement quand il passa devant un miroir à dorures. La vue de son reflet attira son attention pendant un moment. Le grand corps enveloppé dans un manteau sombre et couvert de corbeaux était le même que d’habitude, mais c’était la petite marque rouge, qui contrastait fortement avec la pâleur de sa peau, qui l’avait poussé à s’arrêter.

Quand il approcha, il arriva à nouveau à distinguer la forme de l’empreinte d’une main d’enfant et elle était aussi rouge maintenant qu’elle l’avait été quelques secondes après que la jeune Princesse Violette l’avait touché à cet endroit. À présent, la brûlure ne lui faisait mal que lorsqu’il la touchait, mais cela lui rappelait que Violette avait le pouvoir de lui faire du mal et c’était un fait impossible à ignorer.

— Monseigneur, monseigneur ! appela un domestique en se plaçant sur la route du Maître des Corbeaux.

Ce dernier envisagea brièvement de tuer l’homme pour l’avoir interrompu mais le peu de pouvoir que cela lui rapporterait ne compenserait jamais tout ce qui lui avait échappé.

— Que se passe-t-il ? demanda le Maître des Corbeaux.

— Monseigneur, il y a un homme qui veut vous voir. Il dit que c’est urgent.

Une fois de plus, le Maître des Corbeaux se retint de tuer le domestique.

— Je … je pense que vous pourriez avoir envie de le voir, monseigneur, dit l’homme.

Le Maître des Corbeaux se redressa et regarda fixement l’homme avec des yeux sans vie.

— Très bien. Montrez-moi mais, si je ne trouve pas ça très intéressant, vous finirez dans une cage à corbeaux.

Il vit l’homme déglutir.

— Oui, monseigneur.

Le domestique l’emmena dans la salle de bal du palais, qui était devenue la salle du trône depuis l’occupation. À présent, les miroirs qui s’y trouvaient étaient en grande partie brisés et ils reflétaient des fragments des gens qui s’y tenaient, à l’arrière pour la plupart, entourés de gardes de la Nouvelle Armée. L’un d’eux se tenait plus vers l’avant, le crâne rasé, vêtu de noir, l’esprit protégé par une sorte de bouclier qui suggérait qu’il avait des pouvoirs.

— Vous avez pris un grand risque en venant ici, dit le Maître des Corbeaux. Parlez vite, qui que vous soyez.

— Qui que je sois ? dit l’homme. Regardez-moi de plus près.

Le Maître des Corbeaux le fit et comprit à qui il parlait. Il avait déjà vu ce visage mais, à cette époque, l’homme avait eu des cheveux et, d’habitude, ses corbeaux avaient été tués peu de temps après.

— Endi Skyddar, dit-il. Vous avez pris un risque encore plus grand que je l’avais cru. Parlez vite. Pourquoi ne devrais-je pas vous tuer ?

— J’ai entendu dire que vous aviez un problème, dit Endi. Vous êtes confronté à une magie qui vous dépasse. Quant à moi, j’ai aussi mon problème : moi et mes hommes, nous n’avons nulle part où aller. Nous pourrions peut-être nous entraider.

— Et comment pourrions-nous nous entraider ? demanda le Maître des Corbeaux. Vous n’êtes pas votre frère Oli, qui connaît l’histoire de ces choses-là. De plus, vous êtes un Skyddar, un de mes ennemis.

— J’étais un Skyddar, dit Endi. Maintenant, je n’ai plus de nom. Quant à ce que je connais, les secrets et les choses cachées ont toujours été mon affaire. Peut-être ai-je entendu parler d’un homme à qui l’on a demandé de donner des conseils sur un sujet lié à la magie. Quand mes cousines se sont avérées avoir des pouvoirs, j’ai peut-être cherché des moyens de m’opposer à ce type de chose.

— Dans ce cas, que voulez-vous ? demanda le Maître des Corbeaux.

— Que vous nous donniez, à moi et à mes hommes, une place honorable dans votre royaume et dans votre armée, dit Endi. En échange, je vous fournirai un rituel qui affaiblira les murs de Stonehome et toutes les autres magies que ses défenseurs pourront vous opposer.

Cela permettrait au Maître des Corbeaux d’accéder à la ville. Cela lui donnerait la fille de Sophia. S’il acquérait tout ce pouvoir, il pourrait se permettre d’être généreux.

— Très bien, dit-il. Nous sommes d’accord mais, si vous me faites défaut, je vous tuerai, vous et tous vos hommes.

CHAPITRE DEUX

Sophia regardait fixement la ville qui s’étendait au-delà de la porte, au-delà des espaces normaux du monde. Sienne s’appuyait contre sa jambe pendant que Lucas et Kate se tenaient à sa gauche et à sa droite. Sophia ne savait que penser de la ville qu’elle voyait, bien qu’elle l’ait déjà aperçue dans ses visions. Elle était radieuse, couleur arc-en-ciel à certains endroits et dorée à d’autres. Grands et élégants, des gens marchaient dans les rues, vêtus de robes brillantes et de costumes dorés.

Tout cela était beau, mais ce n’était pas ce que Sophia était venue trouver là. Ce n’était pas pour cela qu’elle avait quitté sa fille, son mari et son royaume pour traverser la mer et des pays inconnus, dépasser la ville de Morgassa et s’enfoncer dans le désert. Elle l’avait fait pour retrouver ses parents.

Alors, elle les vit.

Ils se tenaient dans la rue, dans un espace dégagé entre les autres citadins, et ils regardaient la porte que Sophia et les autres venaient de franchir. Ils étaient plus âgés qu’ils ne l’avaient été dans ses souvenirs mais, comme il s’était écoulé beaucoup de temps, comment aurait-il pu en être autrement ? Le plus important, c’était qu’elle les reconnaissait. Maintenant, son père s’appuyait sur une canne, mais il était encore grand et fort. Sa mère avait encore les cheveux roux, même si elle avait des mèches grises, à présent. Pour Sophia, elle était encore la plus belle femme du monde.

Elle s’élança sans même réfléchir et ne fut pas étonnée quand elle se rendit compte que Kate et Lucas en faisaient autant. Elle prit sa mère et son père dans ses bras. Les autres se joignirent à l’embrassade collective et finirent par avoir l’impression de ne plus former qu’une grande masse au milieu de la rue.

— Nous vous avons trouvés, dit-elle, arrivant tout juste à y croire. Nous vous avons vraiment trouvés.

— C’est vrai, ma chérie, dit sa mère en la tenant contre elle, et vous avez traversé beaucoup d’épreuves pour cela.

— Vous êtes au courant ? dit Sophia en reculant.

— Tu n’es pas la seule de la famille à avoir des visions, dit sa mère avec un sourire. C’est pour cela que nous vous avons laissé des indices.

Sophia sentait que cela inquiétait beaucoup Kate.

— Vous avez tout vu mais vous n’étiez pas là ? demanda Kate.

— Kate — commença Sophia, mais son père répondit avant qu’elle ne puisse continuer.

— Nous aurions été là si nous l’avions pu, Kate, dit-il. Vous avez tous souffert et nous aurions empêché chaque moment de ces souffrances si nous l’avions pu. Nous vous aurions emmenés avec nous … nous vous aurions donné une vie parfaite si nous l’avions pu.

— Pourquoi n’avez-vous pas pu le faire ? demanda Sophia. Elle pensa à l’orphelinat et à tout ce qui était arrivé suite à l’attaque de leur maison. Pourquoi n’avez-vous rien fait ?

— Nous vous devons une explication, dit leur mère, et nous avons des choses à vous raconter, mais pas ici, pas dans la rue. Venez tous avec nous.

Leur mère et leur père leur firent quitter la rue et la foule s’écarta comme par respect ou peut-être comme si ses membres voulaient éviter le contact avec un malade. Sophia et les autres les suivirent dans une grande maison décorée de sculptures extérieures qui semblaient onduler dans la lumière du soleil. Il n’y avait pas de porte mais seulement un rideau pour empêcher l’entrée du vent, comme si les gens d’ici n’avaient pas peur des cambrioleurs.

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