Грейс Фиона - La Mort et Un Chien стр 10.

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Sur ce, le couple quitta le magasin si vite qu’ils laissèrent pratiquement des tourbillons dans leur sillage. Chester courut à la fenêtre, posa ses pattes avant contre la vitre et grogna dans leurs dos qui battaient en retraite. Lacey les regarda partir aussi, jusqu’à ce qu’ils soient hors de vue. Ce n’est qu’alors qu’elle remarqua à quel point son cœur battait la chamade et à quel point ses jambes tremblaient. Elle s’agrippa au comptoir pour se stabiliser.

Tom avait eu raison. Elle s’était porté la poisse en disant que le couple n’avait aucune raison de venir dans son magasin. Mais on pouvait lui pardonner d’avoir supposé qu’il n’y avait rien d’intéressant pour eux ici. Personne n’aurait pu deviner en la regardant que Daisy avait le moindre désir de posséder un ancien sextant de la Marine !

— Oh, Chester, dit Lacey en posant la tête sur son poing. Pourquoi leur ai-je parlé de la vente aux enchères ?

Le chien gémit, décelant la note de regret lugubre dans son ton.

— Maintenant, je vais devoir les supporter demain aussi ! s’exclama-t-elle. Et quelle est la probabilité qu’ils connaissent l’étiquette des enchères ? Ça va être un désastre.

Et juste comme ça, son excitation pour sa vente aux enchères du lendemain fut douchée comme une flamme entre les doigts. À la place, Lacey n’éprouvait que de la crainte.

CHAPITRE QUATRE

Après sa rencontre avec Buck et Daisy, Lacey était plus que prête à fermer pour la journée et à rentrer chez elle. Tom venait ce soir cuisiner pour elle, et elle avait vraiment hâte de se blottir sur le canapé avec un verre de vin et un film. Mais il restait la caisse à contrôler, le stock à ranger, le plancher à balayer et la machine à café à nettoyer… Non pas que Lacey se plaigne. Elle aimait son magasin et tout ce qui allait avec le fait de le posséder.

Quand elle eut enfin terminé, elle se dirigea vers la sortie, Chester sur ses talons, remarquant que les aiguilles de l’horloge en fer forgé avaient atteint 19 heures, et qu’il faisait nuit dehors. Bien que le printemps ait apporté de plus longues journées avec lui, Lacey n’en avait encore jamais profité. Mais elle pouvait sentir le changement dans l’atmosphère ; la ville semblait plus vivante, avec de nombreux cafés et pubs ouverts plus longtemps, et les gens assis aux tables à l’extérieur buvant du café et de la bière. Cela donnait à l’endroit une atmosphère festive.

Lacey ferma son magasin à clé. Elle était devenue encore plus attentive depuis l’effraction, mais même si cela ne s’était jamais produit, elle le serait devenue, parce que le magasin lui semblait être son enfant désormais. C’était quelque chose qui avait besoin d’être nourri, protégé et soigné. En si peu de temps, elle était tombée complètement amoureuse de l’endroit

— Qui aurait cru qu’on pouvait tomber amoureux d’un magasin ? dit-elle à voix haute avec un profond soupir de satisfaction face à la tournure qu’avait prise sa vie.

De son côté, Chester geignit.

Lacey lui tapota la tête.

— Oui, je suis amoureuse de toi aussi, ne t’inquiète pas !

À la mention de l’amour, elle se souvint des projets qu’elle avait avec Tom ce soir-là, et jeta un regard à sa pâtisserie.

À sa grande surprise, elle vit que toutes les lumières étaient allumées. C’était très inhabituel. Tom devait ouvrir son magasin à l’heure inhumaine de 5 heures du matin pour s’assurer que tout soit prêt pour la cohue du petit-déjeuner à 7 heures, ce qui signifiait qu’il fermait habituellement à 17 heures pile. Mais il était 19 h et il était manifestement encore à l’intérieur. Le panneau des sandwichs était toujours dehors. Celui de la porte était encore tourné sur “Ouvert”.

— Allez, Chester, dit Lacey à son compagnon à fourrure. Allons voir ce qu’il se passe.

Ils traversèrent la rue ensemble et entrèrent dans la pâtisserie.

Tout de suite, Lacey put entendre un bruit venant de la cuisine. Cela ressemblait aux bruits habituels de casseroles qui s’entrechoquent, mais en accéléré.

— Tom ? cria-t-elle un peu nerveusement.

— Hey !

Sa voix désincarnée provenait de l’arrière-cuisine. Il utilisait son habituel ton jovial.

Maintenant que Lacey savait qu’il n’était pas en train de se faire cambrioler par un voleur de macaron, elle se détendit. Elle sauta sur son tabouret habituel, tandis que le cliquetis continuait.

— Tout va bien là-bas ? demanda-t-elle.

— Ça va ! cria Tom en réponse.

Un moment plus tard, il apparut finalement dans l’arcade de la kitchenette. Il portait son tablier, et celui-ci – ainsi que la plupart de ses vêtements en dessous et ses cheveux – étaient couverts de farine.

— Il y a eu un désastre mineur.

— Mineur ? gloussa Lacey. Maintenant qu’elle savait que Tom ne se battait pas contre un intrus dans la cuisine, elle pouvait apprécier le comique de la situation.

— C’était Paul, en fait, commença Tom.

— Qu’est-ce qu’il a fait encore ? demanda Lacey. Elle se souvenait de la fois où le stagiaire de Tom avait accidentellement utilisé du bicarbonate de soude au lieu de la farine pour un lot de pâte, rendant la totalité de celle-ci inutilisable.

Tom leva deux paquets blancs d’apparence presque identique. Sur la gauche, l’étiquette imprimée et délavée indiquait : sucre. À droite : sel.

— Ah, dit Lacey.

Tom fit un signe de tête.

— Ouais. C’est pour la fournée des pâtisseries du petit-déjeuner de demain matin. Je vais devoir tout refaire, ou risquer la colère des locaux quand ils arriveront pour le petit-déjeuner et découvriront que je n’ai rien à leur vendre.

— Est-ce que ça veut dire que tu annules nos plans pour ce soir ? demanda Lacey. L’humour qu’elle avait ressenti quelques instants plus tôt fut brusquement anéanti, et maintenant à sa place, elle ressentait une profonde déception.

Tom lui lança un regard plein d’excuses.

— Je suis vraiment désolée. Reprogrammons-le. Demain ? Je viendrai et je cuisinerai pour toi.

— Je ne peux pas, répondit Lacey. J’ai cette réunion avec Ivan demain.

— La réunion pour la vente de Crag Cottage, dit Tom en claquant des doigts. Bien sûr. Je me souviens. Et mercredi soir ?

— Tu ne vas pas à ce cours de focaccia mercredi ?

Tom avait l’air perturbé. Il vérifia le calendrier accroché, puis poussa un soupir.

— OK, c’est mercredi prochain. Il gloussa. Tu m’as fait peur. Oh, mais je suis occupé mercredi soir de toute façon. Et jeudi…

— …c’est entraînement de badminton, termina Lacey pour lui.

— Ce qui veut dire que mon prochain jour de libre sera vendredi. Vendredi, c’est bon ?

Son ton était aussi joyeux que d’habitude, nota Lacey, mais son attitude blasée à l’idée d’annuler leurs plans ensemble la blessa. Il ne semblait pas du tout s’inquiéter du fait qu’ils ne pourraient peut-être pas se voir dans un cadre romantique avant la fin de la semaine.

Lacey savait bien qu’elle n’avait rien de prévu vendredi, mais elle s’entendit quand même dire :

— Je vais devoir vérifier mon agenda et te rappeler.

Et à peine les mots avaient-ils quitté ses lèvres qu’une nouvelle émotion se glissa dans son estomac, se mêlant à la déception. À la surprise de Lacey, cette émotion était le soulagement.

Soulagement qu’elle ne puisse pas avoir de rendez-vous romantique avec Tom pendant une semaine ? Elle ne comprenait pas bien d’où venait ce soulagement, et cela la faisait se sentir soudainement coupable.

— Bien sûr, dit Tom, qui apparemment ne s’en rendit pas compte. On peut mettre un terme à tout ça pour l’instant et s’arranger pour faire quelque chose de spécial la prochaine fois, quand on sera moins occupés ? Il fit une pause pour la laisser répondre, et quand elle ne dit rien, il ajouta :

— Lacey ?

Elle reprit ses esprits.

— Oui… Bien. Ça sonne bien.

Tom s’approcha et s’appuya sur ses coudes sur le comptoir, de sorte que leurs visages soient au même niveau.

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