Аристофан - Aristophane; Traduction nouvelle, tome second стр 5.

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Qu'ils me parlent, qu'ils me parlent, fais-les venir. Car d'entendre d'eux les choses que tu me dis, j'en ai des ailes au dos.

LA HUPPE

Allons, toi et toi, reprenez cette armure, et suspendez-la, avec espoir de la bonne chance, dans l'âtre, près de la crémaillère. Quant à toi, expose à ceux-ci les projets en vue desquels je les ai réunis, parle.

PISTHÉTÆROS

Non, par Apollôn! je n'en ferai rien, à moins qu'ils ne conviennent avec moi d'une convention pareille à celle que fit avec sa femme ce singe de fabricant d'épées, de ne point me mordre, de ne point m'arracher les testicules, de ne pas me fouiller

LE CHOEUR

Le Mais non, pas du tout.

PISTHÉTÆROS

Non, je veux dire les deux yeux.

LE CHOEUR

Je te le promets.

PISTHÉTÆROS

Jure-le-moi à l'instant.

LE CHOEUR

Je le jure, à condition que j'aurai les suffrages de tous les juges et de tous les spectateurs.

PISTHÉTÆROS

Convenu.

LE CHOEUR

Et, si je manque de parole, de ne l'emporter que d'une voix.

LE HÉRAUT

Écoutez, peuples! Que les hoplites reprennent leurs armes sur-le-champ, qu'ils retournent chez eux et qu'ils voient ce que nous aurons inscrit sur les tableaux.

LE CHOEUR

Rusé toujours et partout, tel est le caractère essentiel de l'homme. Parle-moi, cependant. Peut-être as-tu par devers toi quelque avis utile que tu négliges de me dire, ou quelque moyen d'étendre ma puissance, qui a échappé à mon manque de pénétration. Toi, dis-moi ce que tu veux faire dans notre intérêt mutuel; car si tu réussis à me procurer quelque avantage, le profit en sera commun. Et, d'abord, pour quel motif es-tu venu? quelle a été ton intention? Dis-le hardiment; nous ne romprons point la trêve avant de t'avoir entendu.

PISTHÉTÆROS

De par Zeus! j'en brûle d'envie: j'ai un discours en pâte, que rien ne m'empêche de pétrir. Esclave, apporte une couronne. De l'eau à verser sur les mains! Qu'on me l'apporte vite.

EVELPIDÈS

Est-ce que nous allons nous mettre à table, ou quelque chose comme cela?

PISTHÉTÆROS

Non, de par Zeus! mais j'essaie de dire quelque chose de grand, de succulent, qui remue l'âme de ceux qui sont là: tant je souffre pour vous qui, jadis, ayant été rois

LA HUPPE

Nous, rois? Et de qui?

PISTHÉTÆROS

Vous! De tout ce qui existe; de moi, d'abord, de celui-ci et de Zeus lui-même; car vous êtes plus anciens et plus vieux que Kronos, que les Titans et que la Terre.

LA HUPPE

Que la Terre?

PISTHÉTÆROS

Oui, par Apollôn!

LA HUPPE

De par Zeus! je ne m'en doutais pas.

PISTHÉTÆROS

C'est que tu es un ignorant, un insouciant, et que tu n'as jamais feuilleté Æsopos, qui dit que l'alouette naquit avant tous les autres oiseaux, avant la Terre même; ensuite que son père mourut de maladie; que la Terre n'existait pas encore; qu'il resta cinq jours sans sépulture; et qu'elle, dans cet embarras, ensevelit son père dans sa tête.

EVELPIDÈS

Ainsi, le père de l'alouette est maintenant enseveli à Képhalè?

PISTHÉTÆROS

Eh bien! si les oiseaux ont précédé la Terre, précédé les dieux, leur ancienneté ne légitime-t-elle pas leur royauté?

EVELPIDÈS

Oui, par Apollôn! Il faut donc absolument que tu aiguises ton bec en vue de l'avenir.

LA HUPPE

Zeus ne se pressera pas de céder le sceptre au pivert.

PISTHÉTÆROS

Que ce ne soient pas les dieux, mais les oiseaux qui, jadis, aient régné sur les hommes, on en a beaucoup de preuves. Et tout d'abord je vous citerai le coq qui, le premier, a été chef et souverain de tous les Perses, avant Daréios et Mégabyzos: aussi l'appelle-t-on l'oiseau persan, à cause de cette antique souveraineté.

EVELPIDÈS

C'est donc pour cela qu'aujourd'hui même, il marche comme le Grand Roi, la tête couronnée, seul entre les oiseaux, de la tiare droite.

PISTHÉTÆROS

Il avait alors tant de vigueur, de grandeur et de puissance, qu'aujourd'hui encore, par un effet de son ancienne force, dès qu'il fait entendre son chant matinal, tous courent à l'ouvrage, forgerons, potiers, corroyeurs, cordonniers, baigneurs, boulangers, armuriers, tourneurs de lyres et de boucliers: ils se chaussent et vont au travail quand la nuit dure encore.

EVELPIDÈS

Tu peux m'interroger là-dessus. Il est cause que j'ai eu le malheur de perdre une læna en laine de Phrygia. Invité à un banquet qui se donnait à la ville pour le dixième jour après la naissance d'un enfant, je bois et je m'endors. Alors, avant que les autres se soient assis à table, le coq chante, et moi, croyant qu'il est jour, je sors pour me rendre à Alimos; bientôt, à peine me suis-je glissé hors des murs, qu'un voleur d'habits me frappe d'un coup de bâton dans le dos; je tombe, je veux crier, mais il m'avait subtilisé mon manteau.

PISTHÉTÆROS

Le milan était alors chef et roi des Hellènes.

LA HUPPE

Des Hellènes?

PISTHÉTÆROS

Et c'est lui qui, le premier, leur apprit, lorsqu'il était roi, à s'incliner devant les milans.

EVELPIDÈS

Par Dionysos! un jour que je m'étais incliné de la sorte en voyant un milan, je m'étendis, la bouche ouverte, et j'avalai une obole! Voilà comment je rapportai à la maison mon sac vide.

PISTHÉTÆROS

A leur tour, l'Ægyptos et la Phoenikè tout entière ont eu pour roi le coucou, et quand le coucou criait: «Coucou!» alors tous les Phoenikiens moissonnaient le blé et l'orge dans les champs.

EVELPIDÈS

Et de là sans doute le proverbe authentique: «Coucou! Les circoncis aux champs!»

PISTHÉTÆROS

Telle était la force de leur pouvoir, que, dans toutes les villes des Hellènes où il y avait un roi, Agamemnôn ou Ménélaos, un oiseau siégeait sur les sceptres, et partageait les présents offerts au prince.

EVELPIDÈS

Eh bien! j'ignorais cela, moi: aussi l'étonnement me prenait quand un Priamos paraissait, dans les tragédies, portant un oiseau qui se dressait pour observer si Lysikratès recevrait quelque présent.

PISTHÉTÆROS

Mais voici le plus fort de tout: Zeus, qui règne aujourd'hui, est représenté ayant un aigle sur la tête, en sa qualité de roi; sa fille porte une chouette, et Apollôn, comme serviteur, un épervier.

EVELPIDÈS

Par Dèmètèr! tu dis vrai. Pourquoi ont-ils ces attributs?

PISTHÉTÆROS

Afin que, dans les sacrifices, lorsqu'on dépose entre leurs mains, suivant le rit prescrit, les entrailles des victimes, les oiseaux en aient leur part, même avant Zeus. Pas un homme alors ne jurait par un dieu, mais tous juraient par les oiseaux. Lampôn, aujourd'hui même encore, jure par l'oie quand il fait quelque friponnerie, tellement tout le monde alors vous tenait pour grands et pour saints, tandis qu'on vous traite maintenant d'esclaves, de niais, de Manès; on vous jette des pierres comme à des fous, et, jusque dans les lieux sacrés, il n'y a pas un oiseleur qui ne vous tende lacets, pièges, gluaux, barreaux, réseaux, filets, rets. Une fois pris, ils vous vendent en masse: les acheteurs vous tâtent. Encore, s'ils se contentaient d'agir de la sorte, en vous faisant rôtir et servir, mais ils râpent du fromage, qu'ils mêlent à de l'huile, du silphion et du vinaigre, ils écrasent le tout où ils versent un assaisonnement doux et gras, puis ils vous arrosent de cette sauce bouillante ainsi que des charognes.

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