Морган Райс - Un Trône pour des Sœurs стр 7.

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Malgré cela, Kate avait l'air découragée. Sophia détestait voir sa sœur dans cet état.

Sophia l'entraîna loin de la bibliothèque.

Alors qu'elles marchaient, Kate, la tête baissée, finit par parler.

“On fait quoi, maintenant ?”, demanda-t-elle.

En vérité, Sophia n'avait pas de réponse.

Elles continuèrent à marcher mais, à ce moment-là, Sophia était épuisée d'avoir fait tellement de chemin. De plus, il commençait à pleuvoir d'une façon constante qui suggérait que la pluie allait durer longtemps. En matière de précipitations, Ashton détenait quasiment le record.

Sophia se mit à descendre les rues pavées en pente vers la rivière qui traversait la ville. Sophia n'était pas sûre de ce qu'elle espérait y trouver parmi les barges et les barques à fond plat. Elle ne pensait pas que les ouvriers des quais ou les putains, qui constituaient la majorité de la population dans cette partie de la ville, allaient les aider, mais, au moins, c'était une destination. Au moins, elles allaient pouvoir trouver une cachette sur la rive, regarder les navires passer paisiblement et rêver d'endroits lointains.

Finalement, Sophia repéra un léger surplomb près un des nombreux ponts de la ville. Elle s'en approcha. Elles titubèrent toutes les deux en sentant la puanteur de l'endroit et en voyant qu'il était infesté de rats. Cependant, Sophia était tellement fatiguée que même l'abri le plus sordide lui semblait être un palais. Il fallait qu'elles s'abritent de la pluie. Il fallait qu'elles se fassent oublier. Or, à ce moment-là, qu'y avait-il d'autre ? Il fallait qu'elles trouvent un endroit où personne d'autre, même pas les vagabonds, n'osait aller. C'était un endroit de ce type.

“Ici ?” demanda Kate, dégoûtée. “On ne pourrait pas revenir à la cheminée ?”

Sophia secoua la tête. Elle ne pensait pas qu'elles réussiraient à la retrouver et, même si elles y arrivaient, ce serait là où les chasseurs regarderaient en premier. Ce lieu sordide était le meilleur qu'elles puissent trouver avant que la pluie ne tombe plus fort et qu'il ne fasse nuit.

Elle s'installa et, par considération pour sa sœur, essaya de cacher ses larmes.

Lentement et à contrecœur, Kate s'assit à côté d'elle, serrant ses genoux dans ses bras et se balançant comme pour exclure la cruauté, la barbarie et la désolation du monde.

CHAPITRE QUATRE

Dans les rêves de Kate, ses parents étaient encore vivants et elle était heureuse. Dès qu'elle rêvait, ils semblaient être là, bien que leur visage soit moins un souvenir que des choses reconstruites, seulement guidées par le médaillon. Kate n'avait pas été assez grande pour se souvenir de plus de choses quand tout avait changé.

Elle était dans une maison quelque part dans la campagne. Par les fenêtres en verre plombé, elle voyait des vergers et des champs. Kate rêvait de la chaleur du soleil sur sa peau, de la douceur de la brise qui faisait frémir les fleurs dehors.

Ce qui venait après semblait toujours absurde. Elle ne connaissait pas assez de détails ou elle ne les avait pas mémorisés correctement. Elle essaya de forcer son rêve à lui raconter tout ce qui s'était passé mais il ne lui fournit que des fragments.

Une fenêtre, avec un ciel étoilé dehors. La main de sa sœur, la voix de Sophia dans sa tête, lui disant de se cacher. Elle cherchait leurs parents dans le dédale de la maison …

Elle se cachait dans la maison, dans l'obscurité. Elle entendait les sons de quelqu'un qui se déplaçait aux environs. Il y avait de la lumière au-delà, alors qu'il faisait nuit à l'extérieur. Elle sentit qu'elle y était presque, qu'elle allait découvrir ce qui était finalement arrivé à leurs parents cette nuit-là. La lumière qui venait de la fenêtre se mit à briller plus fort, encore plus fort, et —

“Réveille-toi”, dit Sophia en la secouant. “Tu rêves, Kate.”

Kate cligna des yeux puis les ouvrit à contrecœur. Les rêves étaient toujours beaucoup plus beaux que le monde où elle vivait.

Elle plissa les yeux quand elle sentit la lumière. Aussi incroyable que cela puisse paraître, le matin était arrivé. C'était le premier jour de sa vie où elle dormait toute la nuit à l'extérieur de la puanteur et des cris que renfermaient les murs de l'orphelinat, le premier jour de sa vie où elle s'éveillait quelque part ailleurs, peu importe où. L'endroit en question avait beau être très humide, elle était folle de joie.

Elle ne remarqua pas seulement la différence entre la lumière du matin et celle de l'après-midi finissant : elle vit aussi que la rivière qui coulait devant elles avait retrouvé son animation grâce aux barges et aux bateaux qui se dépêchaient de la remonter aussi loin que possible. Certains étaient propulsés par de petites voiles, d'autres par des perches qui les poussaient ou des chevaux qui les remorquaient à partir du bord de la rivière.

Autour d'elles, Kate entendait se réveiller le reste de la ville. Les cloches du temple sonnaient l'heure pendant que, entre-temps, elle entendait les bavardages de toute la population de la ville qui allait travailler ou partait pour d'autres voyages. C'était Firstday, un bon jour pour commencer les choses. Peut-être cela porterait-il aussi bonheur aux deux sœurs.

“Je fais tout le temps le même rêve”, dit Kate. “Je n'arrête pas de rêver de … de cette nuit.”

Elles semblaient toujours se retenir de lui donner un nom plus précis. C'était étrange, car elles pouvaient probablement communiquer plus franchement que tous les autres citoyens de la ville. Malgré cela, Kate et Sophia hésitaient encore à parler franchement de cette chose-là.

L'expression de Sophia s'assombrit et Kate regretta immédiatement ses paroles.

“Moi aussi, il m'arrive d'en rêver”, admit tristement Sophia.

Kate se tourna vers elle, intéressée. Sa sœur devait savoir. Elle avait été plus grande, elle devait en avoir vu plus.

“Tu sais ce qui s'est passé, n'est-ce pas ?” demanda Kate. “Tu sais ce qui est arrivé à nos parents.”

C'était plus une affirmation qu'une question.

Kate scruta le visage de sa sœur, à la recherche de réponses, et elle vit un vacillement furtif. Sophia lui cachait quelque chose.

Sophia secoua la tête.

“Il y a des choses auxquelles il vaut mieux éviter de penser. Il faut qu'on se concentre sur l'avenir, pas sur le passé.”

Ce n'était pas une réponse vraiment satisfaisante mais Kate ne s'était pas attendue à mieux. Sophia refusait toujours de parler de ce qui s'était passé la nuit où leurs parents étaient partis. Elle ne voulait jamais en parler et même Kate devait admettre qu'elle se sentait mal à l'aise à chaque fois qu'elle y pensait. De plus, dans la Maison des Oubliés, les bonnes sœurs n'aimaient pas que les orphelines essaient de parler du passé. Elles disaient que c'était une preuve d'ingratitude et ce n'était qu'une raison de se faire punir parmi tant d'autres.

Kate repoussa un rat du pied et se redressa en regardant autour d'elle.

“Nous ne pouvons pas rester où nous sommes”, dit-elle.

Sophia hocha la tête.

“Nous mourrons si nous restons ici, dans la rue.”

C'était décourageant mais aussi probablement vrai. Il y avait tant de manières de mourir dans les rues de cette ville. Le froid et la faim n'étaient que le début de la liste. Avec les gangs des rues, les gardes, les maladies et tous les autres risques des alentours, même l'orphelinat avait l'air d'être un lieu sûr.

Cela dit, Kate ne comptait pas y revenir. Elle aurait préféré le brûler jusqu'à la dernière pierre que repasser ses portes. De toute façon, elle le brûlerait peut-être jusqu'à la dernière pierre un de ces jours. L'idée la fit sourire.

Se sentant tiraillée par la faim, Kate sortit son dernier gâteau et commença à l'engloutir. Alors, elle se souvint de sa sœur. Elle coupa la moitié du gâteau et le lui tendit.

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