Морган Райс - Retour стр 8.

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— Quoi ? Recréer la déflagration ? demanda l’Ourson, et Luna aurait pu désirer assécher ses larmes, même si elle n’en approuvait pas la raison. Recréer une explosion aléatoire d’énergie extra-terrestre qui atteindrait les cristaux avec exactement la bonne fréquence ? Imagines-tu que je n’ai pas prêté attention à ce que tu as dit, Ignatius ? Si je pensais qu’il y avait une solution …

Il appuya sur la détente de son arme et Luna vit jaillir la poussière qui se trouvait devant ses pieds. Le corps contrôlé de Luna ne tressaillit pas et ne réagit même pas.

— C’était un avertissement, Ignatius, dit l’Ourson et, à présent, Luna entendait la résolution dans sa voix. Sors-toi.

Luna essaya de faire bouger son corps pour qu’Ignatius ne soit pas dans la ligne de feu, mais elle était prisonnière de sa propre chair et immobilisée par les mains de ceux qui la retenaient. Leurs ennemis voulaient ça. Ils voulaient nuire à une majorité de personnes.

— La déflagration nous a permis de détruire les nanobots responsables de la transformation pour des centaines de gens, dit Ignatius, mais nous pouvons encore trouver un remède qui conviendrait à une seule personne à la fois. Il suffirait qu’on le produise.

Luna vit l’Ourson hésiter. Cela semblait être le seul argument susceptible de le faire hésiter.

— Vous pouvez vraiment le faire ? demanda-t-il.

— Pas ici, admit Ignatius. La bataille a fait de gros dégâts, mais il me suffirait d’avoir un labo avec le bon équipement et quelques machines spécifiques.

— Et entre temps, nous devrons tous empêcher Luna de nous tuer ? demanda l’Ourson.

— Nous pouvons construire quelque chose pour la retenir, dit Barnaby.

Il semblait déjà travailler sur cette idée, levant des débris de métal face aux restes d’une remorque de moto comme s’il voyait déjà dans sa tête comment les assembler.

— Mais elle va attirer tous les extra-terrestres à cent kilomètres à la ronde, dit l’Ourson.

Luna savait ce qu’il voulait dire. Les créatures qui la contrôlaient verraient tout par ses yeux. Elles sauraient où envoyer d’autres tueurs.

— Nous allons faire tout ça par nous-mêmes, dit Ignatius. Nous lui devons ça, l’Ourson, et je promets que nous arriverons à la soigner.

L’Ourson resta immobile, mais Luna voyait qu’il avait pris sa décision. Elle aurait peut-être dû se sentir heureuse à l’idée qu’il n’allait pas la tuer, avoir un peu de pitié pour lui à cause des décisions difficiles qu’il avait déjà dû prendre, mais, alors qu’il se tenait là, tout ce qu’elle arrivait à se dire, c’était qu’il avait été sur le point de la tuer. Il avait vraiment été sur le point de la tuer.

— D’accord, dit l’Ourson en reculant, d’accord.

Luna continua à grogner et à essayer de mordre, incapable de se retenir, pendant qu’on la retenait. Elle était tout ce que l’Ourson craignait qu’elle ne soit, mais elle était aussi plus que ça. Elle ne pouvait simplement pas le dire aux gens. Un peu plus loin, Barnaby travaillait sur l’enclos qui devait la détenir. Il ressemblait à une sorte de cage constituée de pièces récupérées dans les décombres de la bataille.

La cage prenait forme lentement, pièce par pièce, construite avec soin. Pourtant, en assistant à sa fabrication, Luna sentait qu’elle se désintégrait peu à peu. Elle sentait des souvenirs s’enfouir dans les profondeurs de son être d’une façon qui lui semblait bien trop familière. La première fois qu’elle avait été transformée, elle avait senti des fragments d’elle-même disparaître quand elle n’y pensait plus, impossibles à saisir, impossibles à retenir, comme des poissons qui lui filaient entre les doigts.

Les souvenirs de ses parents se transformaient en un savoir vague et Luna était incapable de se souvenir d’un seul moment passé avec eux, d’un seul instant passé à rire à la maison, à se disputer sur des corvées ou même à rester assis ensemble pour manger. Luna connaissait les faits de sa vie mais ne pouvait pas se la rappeler. Elle ne pouvait pas vraiment se souvenir de ce que cela avait été d’aller à l’école, de s’asseoir pour regarder la télévision, d’être dehors ou …

Le visage de Kevin lui vint en tête aussi brusquement et aussi parfaitement que si elle avait regardé une photo et Luna se raccrocha à cette image aussi fermement que si elle s’était retenue à un poteau en métal dans un ouragan. Elle refusait de perdre Kevin, refusait de perdre un seul fragment de lui. Elle refusait de perdre les moments qu’elle avait passés avec lui. Ces moments semblaient gravés en elle : elle l’avait accompagné à l’Institut de la NASA, s’était enfuie avec lui dans le bunker pour y échapper à la vapeur et ils avaient tenté de lutter contre les extra-terrestres ensemble.

Ces moments avaient un côté plus brillant, d’une façon ou d’une autre. Dans l’esprit de Luna, ils étaient différents et indélébiles et elle réussissait à se retenir à eux, à se raccrocher à des idées de Kevin et à tout ce qu’elle ressentait pour lui. Ce besoin et cet amour semblaient briller comme un phare dans l’obscurité qui menaçait de l’engloutir.

— Emmenez-la ici, appela Barnaby.

Luna leva les yeux et vit qu’il avait terminé de fabriquer sa cellule de détention. Il avait été si rapide que cela prouvait qu’il était très doué pour fabriquer des appareils. La cage avait l’air peu raffinée, mais le métal était épais et les espaces entre les barreaux étaient assez petits pour que même Luna ne puisse pas s’échapper.

Ils la portèrent vers la cage et son corps se débattit alors que son esprit espérait que la cage serait assez résistante pour la détenir. Elle sentit son pied frapper un homme à la mâchoire puis son coude frapper quelqu’un à l’estomac. Elle sentit qu’elle envoyait des coups assez violents pour donner des bleus ou casser des os, mais cela ne faisait aucune différence. Peu des gens qui la portaient maintenant faisaient partie des Survivants ou, du moins, c’était ce que pensait Luna. En fait, ils avaient l’air dépenaillé des personnes qui avaient été transformées et elles semblaient accepter de l’aider même quand les autres avaient peur.

Elles la soulevèrent et la jetèrent dans la cage. Luna ne sentit rien quand elle atterrit. En fait, elle se releva et fonça sur la porte, mais même sa vitesse débridée ne lui permit pas d’atteindre la porte en métal avant que les Survivants ne la claquent et ne parviennent à la verrouiller.

Luna se jeta contre les barreaux pour en tester la force. Les instructions régulièrement envoyées par la Ruche lui disaient de se libérer et de tuer, de causer autant de dégâts que possible avant qu’ils ne l’abattent, mais le métal ne céda pas sous ses mains, même quand elle s’attaqua aux barreaux avec une telle violence que ses doigts en saignèrent. Elle aurait dû avoir mal mais, comme pour tous les autres transformés, ces événements ressemblaient à un rêve, presque comme s’ils arrivaient à quelqu’un d’autre.

Le seul problème était que, ce quelqu’un d’autre, c’était elle, et qu’elle ressentirait vraiment cette douleur si Ignatius arrivait à la retransformer.

— Où allons-nous traiter ce que nous avons trouvé ? demanda Leon à Ignatius et à Barnaby. Il nous faut un labo, pas vrai ?

Luna essaya de détourner le regard. Elle n’était pas convaincue que les extra-terrestres volaient des connaissances aux Survivants par son intermédiaire, mais elle n’avait aucun moyen d’en être sûre. L’Ourson avait raison sur ce point : elle représentait une menace pour tous les autres à chaque moment où elle pouvait voir et entendre. Elle pouvait attirer des hordes de personnes contrôlées par les extra-terrestres aussi efficacement qu’un phare.

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