Морган Райс - Le Trône des Dragons стр 5.

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“Seris, va chercher les autres le plus possible, fais vite. Raconte-leur ce qui s'est passé, dis-leur que j'ai besoin d'eux. Mautlice, fais préparer les chevaux. Soudoie les palefreniers si nécessaire. Kay, tu m'accompagnes chercher les armes.”

“Nous nous joignons aux forces de ton père ?” demanda Kay.

Rodry ne put contenir sa colère plus longtemps, il donna un violent coup de poing dans le mur qui les fit tous tressaillir.

“Mon père n'est pas suffisamment rapide !” hurla-t-il. “Un petit groupe ira plus vite. Non, j'en fais une affaire personnelle. Je vais aller chercher ma sœur, je la ramènerai saine et sauve. Kay, si cette fille que tu aimes tant est l'une de ses servantes, elle est certainement en danger. Tu veux bien me prêter main forte ?”

“Je …” Kay opina du chef.

“Vous tous,” cingla Rodry. “Vous prétendez vouloir devenir chevaliers. Vous dites vouloir faire vos preuves. Le moment est venu. Nous nous comportons en vrais chevaliers. Nous protégeons ceux qui en ont besoin.” Il les dévisageait d'un air implorant. “Je vous en supplie. Je ne vous le demande pas en tant que prince, mais en tant qu'ami. Aidez-moi à sauver ma sœur.”

Ils n'y étaient pas obligés. Ils devaient théoriquement grossir les rangs des combattants de son père, suivre le mouvement, comme tout le monde. Rodry fut soulagé de les voir acquiescer, tour à tour.

“Je trouverai d'autres hommes,” promit Seris. “J'en ai croisé quelques-uns dans la grande galerie tout à l'heure. Probablement des gardes ou des chevaliers …”

“Halfin et Twell sont les bienvenus,” affirma Rodry. “Mais les chevaliers ont prêté allégeance à mon père.” Il marqua une pause. “Je ne vous garantis pas qu'il ne vous arrivera rien. Mon père sera hors de lui, même si nous parvenons à nos fins. Mais je dois agir. Je ne peux pas rester les bras ballants.”

Tous acquiescèrent.

“Je vais t'aider à revêtir ton armure,” proposa Kay.

Rodry enfila sa cotte de mailles mais il avait besoin de son ami pour resserrer les sangles de sa cuirasse et des épaulettes. Vint ensuite le tour du gorgerin et des gantelets. En temps normal, Rodry ne montait pas à cheval en armure mais il n'aurait pas besoin d'approcher les ravisseurs de sa sœur, il se bornerait à les arrêter et assurer sa protection.

“Dépêchons-nous. Il n'y a pas de temps à perdre.”

Les autres s'attelèrent aux tâches qu'il leur avait confiées, Rodry prépara ses armes : épée lance, dague et massue. Il traversa le château en trombe, les domestiques s'écartèrent sur son passage. Ils devaient avoir senti cette rage qui bouillait en lui, qui le poussait à aller de l'avant.

Mautlice avait réussi à se procurer des montures aux écuries. La plupart de ses amis étaient déjà sur site, ainsi qu'une demi-douzaine de gardes, la compagnie comptait une vingtaine d'hommes. Certains portaient une armure comme Rodry, d'autres de simples vêtements en cuir ou des cottes de mailles, ils avaient revêtu ce qui leur tombait sous la main. Serait-ce suffisant ?

Il faudrait bien, le temps pressait, ils s'élanceraient bientôt sur les traces de Lenore.

Rodry chevaucherait en tête. Il mit un pied à l'étrier et se hissa en selle. Les grilles du château grandes ouvertes donnaient sur la cité de Royalsport.

Rodry se tourna pour regarder ses hommes. L'espace d'un instant, en plein soleil, on aurait cru voir de vrais chevaliers. Il ignorait s'ils feraient le poids face aux soldats du Roi Ravin mais il espérait qu'ils se montreraient suffisamment rapides et capables pour sauver sa sœur. Il tira l'épée de son fourreau et fendit l'air.

“En avant !”

Les sabots des chevaux martelaient le sol au galop, Rodry espérait qu'il n'était pas trop tard.

CHAPITRE QUATRE

Devin revint sur Royalsport, abasourdi, n'en croyant toujours pas ses yeux. Qu'avait-il trouvé ? S'agissait-il d'un dragon, personne n'en avait vu depuis des lustres ?

C'était bien plus que ça ; il ne savait même pas de quoi il s'agissait à vrai dire. Ses rêves lui avaient permis de comprendre qu'il n'était pas celui qu'il croyait être, qu'il était étranger au Royaume du Nord. Devin ne savait que penser, il ignorait quelle était sa mission. Etait-ce lié à ce qu'il avait fait contre les loups ? Il avait fait de la magie, mais qu'est-ce que cela signifiait ?

Parvenu aux abords de la cité, il se dirigea instinctivement vers les nombreux ponts qu'il lui faudrait franchir pour rentrer chez lui. Il avait parcouru une douzaine de pas parmi la foule avant de réaliser qu'il n'avait plus de foyer. Il ne pouvait retourner à la Maison des Armes, il n'y travaillait plus, que faire ?

Il contempla la ville sous le soleil en ce milieu de matinée, comme si les brumes de la veille n'étaient que le fruit de son imagination. Les maisons au toit de chaume s'éparpillaient parmi les cours d'eau étendant leurs méandres au sein de la cité, telle une toile d'araignée s'étendrait sur un miroir. Devin distinguait nettement les quartiers nobles, pauvres, miséreux, jusqu'à l'endroit où se trouvait sa maison … son ancienne maison, se corrigea-t-il.

Les gens se bousculaient dans les rues pavées, vers les commerces où ils travaillaient, vers les grandes bâtisses des Maisons surplombant la cité. Les forges de la Maison des Armes crachaient déjà leur fumée vers l'azur, tandis que la Maison des Lettrés demeurait à l'écart de la cacophonie ambiante. La Maison des Marchands se nichait au cœur des marchés, tandis que la Maison des Soupirs était silencieuse en journée, après le départ du dernier client de la veille. La cité exsudait un mélange d'odeurs de fumée et de sueur, une foule d'individus impossible à ignorer.

Le regard de Devin porta plus loin, vers la masse imposante du château aux murailles grises. Rodry pourrait s'y rendre, le prince l'aiderait. Maître Grey serait peut-être présent, Devin obtiendrait peut-être cette fois-ci les réponses à ses questions. Il aurait peut-être la chance d'apercevoir la princesse Lenore si elle n'était pas déjà partie en procession, Devin avait le cœur gros, il ne devait pas se laisser bercer d'illusions.

Il se mit en route vers le château, sa silhouette élancée se faufilait parmi la foule encombrant les ruelles. Plus grand que la plupart de ses condisciples, il se fraya facilement un passage, évitant les étals en pleine rue, où se massait le peuple, observant le réseau des ruisseaux parcourant la cité.

Devin ôta une mèche brune devant ses yeux, se demandant si les cours d'eau seraient assez bas pour les franchir à cette heure sans se salir. Les riches vêtements prêtés par Sire Halfin étaient certes maculés de boue suite à son incursion en forêt, mieux valait ne pas courir le risque de les souiller un peu plus. Pas s'il comptait entrer au château, du moins.

Devin décida de franchir les ponts en pierre et bois les uns après les autres et parvenir ainsi jusqu'au château. Il aperçut une petite troupe de cavaliers visiblement pressés traverser la cité sur un pont voisin. Devin crut apercevoir Rodry à leur tête, mais ils étaient trop loin pour qu'il puisse les héler.

Il poursuivit son chemin vers le château, traversant les quartiers plus huppés. Il était habitué à ce que les gardes lui lancent des regards au passage, mais ils semblaient distraits. Devin pressa le pas, il se passait quelque chose, les réponses à ses questions se trouvaient au château.

Il s'arrêta net face à la silhouette qui se tenait devant les grilles du château. Maître Grey, en robe blanc et or, manipulait des runes et autres signes cabalistiques libérant de la lumière, il se tourna et fixa Devin droit dans les yeux. Il ôta sa capuche, révélant son crâne rasé et son regard perçant.

"Que se passe-t-il ?" demanda Devin. "Où courent-ils donc tous ?"

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