Robert A. Webster - L'Épice стр 9.

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« D’accord, tu peux t’inscrire. Mais tu dois travailler sur ta défense et ton karma ; c’était trop facile de t’agacer pour te pousser à la faute ».

Cake fixait cette adversaire redoutable et s’aperçut que les autres kickboxeurs ricanaient, ne perdant pas une miette du spectacle.

« Mon nom est Jade », dit la femme en tendant la main. « Je suis l’instructrice en chef ».

Cake la regardait, perturbé. « Donc vous attaquez tout le monde ? Que serait-il arrivé si je n’avais pas pu me défendre ? Vous avez de la chance que je sois un kickboxeur ».

Jade ricana et répondit : « Je n’attaque pas tout le monde, seulement les présomptueux ». Elle indiqua le sac de Cake et le badge en coton brodé bien en évidence, représentant le logo Zendo de sa ceinture noire enroulée autour de se poignée.

Cake regarda son sac et sourit à la femme.

« Oh ! », balbutia-t-il, embarrassé. « Mon nom est Ben, mais tout le monde m’appelle Cake ».

* * *

Après ce contact initial musclé, Cake et Jade sentirent des atomes crochus. Cake trouvait Jade intrigante, terre à terre, et elle ne sentait pas l’huile de friture. Jade trouvait Cake gentil, humble et plutôt attirant. Tout le monde remarqua par leurs regards prolongés qu’ils étaient attirés, et les paris allèrent bon train sur lequel des deux aurait le courage d’annoncer sa flamme. Malgré leur sentiment profond réciproque, ils étaient tous les deux timides et n’étaient pas sûrs des sentiments de l’autre.

Cake ne pouvait détacher sa pensée de Jade et les séances de kickboxing devenaient l’événement majeur de sa semaine.

Le salon de coiffure où Jade travaillait organisa une réunion dans une boîte de nuit pour la soirée de Noël et Jade invita les kickboxeurs. Cake ne se sentait pas à l’aise dans la grande salle du nightclub. La fête prenait un air familier et des petits groupes se formaient. Jade se rendit compte que Cake semblait mal à l’aise comme un petit chiot perdu. Elle laissa son groupe de collègues coiffeuses et s’approcha de lui. Cake se tenait seul, debout, une bouteille de Bacardi Breezer à la main, regardant le parterre de danse bondé.

« Contente que tu aies pu venir », lui cria Jade pour couvrir la musique tonitruante.

« Merci de m’avoir invité ».

Il y eut ensuite un silence gêné tandis que la musique couvrait tout. Aucun des deux ne savait comment poursuivre et ils se regardèrent pendant un moment, jusqu’à ce que Jade se décide à demander : « Tu sens bon, qu’est-ce que tu t’es mis ? », pensant sûrement à son parfum après-rasage.

Cake sembla réfléchir, ricana et répliqua : « Un parfum pour les durs, mais je ne pensais pas que tu pourrais le sentir », répondit-il en riant.

Jade sembla confuse, puis comprit. Cela brisa la glace, et Jade rigola en disant : « Eh bien, cela serait dommage de le gaspiller ». Elle prit la bouteille de ses mains et la posa sur la table.

« Sortons de là et trouvons un endroit plus calme », dit-elle, suggérant : « Allons chez moi ».

Le couple sortit main dans la main du club, au milieu des acclamations des kickboxeurs.

Jade avait quelques années de plus que Cake, une chevelure châtain ondulée, des yeux marron et des traits malicieux. Elle avait l’air d’une Catherine Zeta-Jones en plus petite et plus musclée. Cake admirait son corps féminin bien dessiné comme ils reposaient enlacés, nus dans les bras l’un de l’autre par un matin de Noël glacé dans le lit à une place de l’appartement de Jade au-dessus du salon de coiffure.

Cake avait la nausée rien qu’en sentant les produits chimiques forts qui émanaient du salon, qu’il pouvait également sentir sur Jade, bien qu’elle ait meilleure odeur que les cuisinières qu’il connaissait.

C’était la première relation sérieuse pour chacun d’entre eux. Cake et Jade devinrent inséparables, passant tout leur temps libre ensemble. Cake informa Jade de ses sens olfactifs exceptionnels, l’assurant qu’il n’était pas un insolent borné lorsqu’il affirmait qu’il ne pouvait pas rester au salon le soir à cause des effluves nauséabonds. L’odeur d’ammoniac en particulier lui donnait des haut-le-cœur.

Bien qu’ils gagnent bien leur vie tous les deux, le prix astronomique des logements à Londres poussa Cake à s’inscrire à des concours de pâtisserie afin de pouvoir acheter un appartement.

Le couple réunit une somme conséquente et, à l’aide d’un prêt complémentaire, jeta son dévolu sur un appartement huppé entre Avalon et le salon de Jade dans le quartier résidentiel de Knightsbridge.

Follement amoureux, ils profitaient de leur vie à deux, prévoyant de se marier dès qu’ils se sentiraient prêts à fonder une famille.

Pour l’instant, ils appréciaient de vivre sous les feux de la rampe du « Pâtissier Phenom », grâce aux concours que Cake remportait les uns après les autres.

Jade surprenait Cake fréquemment. Elle était une coiffeuse-styliste dotée d’un sens tordu de l’humour. Elle affichait un intérêt étrange pour l’horreur, comme Cake le découvrit lorsqu’elle écrivit un roman sur un cocaïnomane qui sniffait les cendres d’un vampire inconnu désintégré qui s’avéra être Keith Richard, qu’elle publia.

En trois ans de travail chez Avalon, Cake s’était bâti une réputation de première classe. Lorsque les propriétaires annoncèrent qu’ils avaient vendu au profit d’une grande entreprise, Cake se rappela son expérience au Savoy et décida qu’il était temps de bouger et donna son préavis peu de temps avant le trophée du Pâtisserie de l’année.

En dépit des offres d’emploi d’autres restaurants très en vue et de l’offre d’une augmentation généreuse de sa rémunération par Avalon, Cake, au sommet de sa profession, voulait impliquer Jade dans une entreprise de pâtisserie.

Cake se réjouissait à l’idée qu’il participait pour la dernière fois au « Trophée du Pâtissier de l’année » ou à toute autre cérémonie de récompenses, car seuls les chefs parrainés par de grands hôtels et restaurants pouvaient se présenter. Cake se sentait toujours mal à l’aise et il réalisa qu’il avait l’air affreux dans son costume, son corps trapu se balançant sur des jambes maigres. Les meilleurs tailleurs londoniens lui confectionnaient des tailleurs sur mesure, néanmoins ils pendaient comme si une main maladroite et aveugle les avait faits. Il avait toujours ressenti cela comme une injustice face à ses rivaux car son sens olfactif élevé, son palais parfait et son talent exceptionnel lui donnaient un avantage définitif sur eux. Il voulait maintenant amener ses arômes et délicatesses du Sud et sa clientèle décadente pour les offrir au Nord. Le couple se fréquentait depuis trois ans déjà. Ils trouvèrent des locaux dans le centre-ville de Lincoln et les convertirent en une boulangerie-pâtisserie, ce dont Cake rêvait depuis longtemps.

Jade voulait tenter l’aventure au Nord avec Cake et l’aider dans ses efforts. Bien qu’elle soit satisfaite de sa vie à Londres et sache qu’elle regretterait l’argent et l’adulation londonienne que lui procurait son fiancé superstar de la cuisine, elle avait compris que Cake était malheureux de travailler dans les grands hôtels. Jade avait un travail bien payé et, en ajoutant le salaire de Cake et ses prix de concours, ainsi que ses bonus, malgré leurs remboursements de prêt à Londres, ils réunirent suffisamment d’argent pour financer leur affaire à Lincoln, qui était presque achevée ; Jade se rendait régulièrement à Lincoln pour vérifier la progression du bâtiment. Cake finissait son travail à Avalon dans quelques semaines, et ils déménageraient tous les deux dans la ville du Nord.

* * *

Le grand jour arriva et la « Boulangerie-Pâtisserie CAKE » ouvrit ses portes au public. Pour Cake et Jade, il était maintenant temps de voir si les fruits de leur travail allaient payer. Ils se tenaient dans la pâtisserie comme des parents fiers de montrer leur nouveau-né au monde.

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