София Сегюр - Les vacances / Каникулы. Книга для чтения на французском языке стр 3.

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LEAN

C’est bon! tu riras après; en attendant, viens chercher nos cousines; il va être huit heures.»

Ils coururent à la maison, allèrent frapper à la porte de leurs cousines, qui les attendaient et qui leur ouvrirent avec empressement. Ils se demandérent réciproquement des nouvelles de leur nuit, et descendirent pour courir à leur jardin et commencer leur cabane. En approchant, ils furent surpris d’entendre frapper comme si on clouait des planches.

CAMILLE

Qui est-ce qui peut cogner dans notre jardin?

MADELEINE

C’est sans doute[20] dans le bois.

CAMILLE

Mais non, les coups semblent venir du jardin.

LÉON

Ah! voici Marguerite; elle nous dira ce que c’est.»

Au même instant, Marguerite cria très haut: «Léon, Jean, bonjour; Sophie et Jacques sont avec moi.

– Ne crie donc pas si fort, dit Jean en souriant, nous ne sommes pas sourds.»

Marguerite courut à eux, les arrêta pour les embrasser tous, puis ils prirent le chemin qui menait au jardin, en tournant un peu court dans le bois.

Quelle ne fut pas leur surprise en voyant Jacques, le pauvre petit Jacques, armé d’un lourd maillet et clouant des planches aux piquets qui formaient les quatre coins de sa cabane. Sophie l’aidait en soutenant les planches.

Jacques avait très bien choisi l’emplacement de sa maisonnette; il l’avait adossé à des noisetiers qui formaient un buisson très épais et qui l’abritaient d’un soleil trop ardent. Mais ce qui causa aux cousins une vive surprise, ce fut la promptitude du travail de Jacques et la force et l’adresse avec lesquelles il avait placé et enfoncé les gros piquets qui devaient recevoir les planches avec lesquelles il formait les murs. La porte et une fenêtre étaient déjà indiquées par des piquets pareils à ceux qui faisaient les coins de la maison.

Ils s’étaient arrêtés tous quatre; leur étonnement se peignait si bien sur leurs figures que Jacques, Marguerite et Sophie ne purent s’empêcher de sourire, puis d’éclater de rire. Jacques jeta son maillet à terre pour rire plus à son aise.

Enfin Léon s’avança vers lui.

LÉON, avec humeur

Pourquoi et de quoi ris-tu?

JACQUES

Je ris de vous tous et de vos airs étonnés.

JEAN

Mais, mon petit Jacques, comment as-tu pu faire tout cela, et comment as-tu eu la force de porter ces lourds piquets et ces lourdes planches?

JACQUES, avec malice

Marguerite et Sophie m’ont aidé.»

Léon et Jean hochèrent la tête d’un air incrédule; ils tournèrent autour de la cabane, regardèrent partout d’un air méfiant, pendant que Camille et Madeleine s’extasiaient devant l’habileté de Jacques et admiraient la promptitude avec laquelle il avait travaillé.

CAMILLE

À quelle heure t’es-tu donc levé, mon petit Jacques?

JACQUES

À cinq heures, et à six j’étais ici avec mes piquets, mes planches et tous mes outils. Tenez, mes amis, prenez les outils maintenant: chacun son tour.

LÉON

Non, Jacques, continue, nous voudrions te voir travailler, pour prendre des leçons de ton grand génie.»

Jacques jeta à Marguerite et à Sophie un coup d’œil d’intelligence et répondit en riant:

«Mais nous travaillons depuis longtemps, et nous sommes fatigués. Nous allons à présent courir après les papillons.

LÉON avec ironie

Pour vous reposer sans doute?

MADELEINE

Précisément, pour nous reposer les mains et l’esprit.»

Et ils partirent en riant et en sautant.

Léon les regarda s’éloigner et dit:

«Ils ne ressemblent guère à des gens fatigués.»

Au même instant Camille et Madeleine se rapprochèrent avec inquiétude de Léon et de Jean.

CAMILLE

J’ai entendu les branches craquer dans le buisson.

MADELEINE

Et moi aussi; entendez-vous? On s’éloigne avec précaution.»

Pendant que Léon reculait en s’éloignant prudemment du buisson et des bois, Jean saisissait le maillet de Jacques et s’élançait devant ses cousines pour les protéger.

Ils écoutèrent quelques instants et n’entendirent plus rien. Léon alors dit d’un air mécontent:

«Vous vous êtes trompées; il n’y a rien du tout. Laisse donc ce maillet[21], Jean; tu prends un air matamore[22] en pure perte; il n’y a aucun ennemi pour se mesurer avec toi.

MADELEINE

Merci, Jean; s’il y avait eu du danger, tu nous aurais défendues bravement.

CAMILLE

Léon, pourquoi plaisantes-tu du courage de Jean? Il pouvait y avoir du danger, car je suis sûre d’avoir entendu marcher avec précaution dans le fourré, comme si on voulait se cacher.

LÉON, d’un air moqueur

Je préfère la prudence du serpent au courage du lion.

JEAN

Il est certain que c’est plus sûr.»

Camille, qui pressentait une dispute, changea la conversation en parlant de leur cabane. Elle demanda qu’on choisît l’emplacement; après bien des incertitudes, ils décidèrent qu’on la bâtirait en face de celle de Jacques. Ensuite ils allèrent chercher des pièces de bois et les planches nécessaires pour la construction. Ils firent leur choix dans un grand hangar où il y avait du bois de toute espèce. Ils chargèrent leurs planches et leurs piquets sur une petite charrette à leur usage; Léon et Jean s’attelèrent au brancard, Camille et Madeleine poussaient derrière, et ils partirent au trot, passant en triomphe devant Jacques, Marguerite et Sophie, qui couraient dans le pré après les papillons; ceux-ci allèrent se ranger en ligne au coin du bois et leur présentèrent les armes avec leurs filets à papillons, tout en riant d’un air malicieux. Jean, Camille et Madeleine rirent aussi d’un air joyeux; Léon devint rouge et voulut s’arrêter; mais Jean tirait, Camille et Madeleine poussaient, et Léon dut marcher avec eux.

Bientôt après, la cloche du déjeuner se fit entendre[23]; les enfants laissèrent leur ouvrage et montèrent pour se laver les mains, donner un coup de peigne à leurs cheveux et un coup de brosse à leurs habits.

On se mit à table: M. de Traypi demanda des nouvelles des cabanes.

«Marchent-elles bien, vos constructions? Êtes-vous bien avancés, vous autres grands garçons? Quant à mon pauvre Jacquot, je présume qu’il en est encore au premier piquet. Hé, Léon?

LÉON, d’un air de dépit

Mais, non, mon oncle; nous ne sommes pas très avancés; nous commençons seulement à placer les quatre piquets des coins.

M. DE TRAYPI

Et Jacques, hé, où en est-il?

LÉON, de même

Je ne sais pas comment il a fait, mais il a déjà commencé comme nous.

MARGUERITE

Dis donc aussi qu’il est bien plus avancé que vous autres, grands et forts, puisqu’il cloue déjà les planches des murs.

M. DE TRAYPI

Ha! ha! Jacques n’est donc pas si mauvais ouvrier que tu craignais hier, Léon?»

Léon ne répondit rien et rougit. Tout le monde se mit à rire; Jacques, qui était à côté de son père, lui prit la main et la baisa furtivement. On parla d’autres choses; de bons gâteaux avec du chocolat mousseux mirent la joie dans tous les cœurs et dans tous les estomacs. Après le déjeuner, les enfants voulurent mener leurs parents dans leur jardin pour voir l’emplacement et le commencement des maisonnettes, mais les parents déclarèrent tous qu’ils ne les verraient que terminées; ils firent alors ensemble une petite promenade dans le bois, pendant laquelle Léon arrangea une partie de pêche.

«Jean et moi, dit-il, nous allons préparer les lignes et les hameçons[24]; en attendant, allez, je vous prie, mes chères cousines, demander des vers au jardinier; vous les ferez mettre dans un petit pot pour qu’ils ne s’echappent pas.»

Camille et Madeleine coururent au jardin, où leurs cousins ne tardèrent pas à les rejoindre[25]; en quelques minutes le jardinier leur remplit un petit pot avec des vers superbes, et ils allèrent à la pièce d’eau, où ils trouvèrent Jacques, Marguerite et Sophie, qui avaient préparé un seau pour y mettre les poissons et du pain pour les attirer.

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