Шодерло де Лакло Пьер - Опасные связи / Les liaisons dangereuses. Книга для чтения на французском языке стр 7.

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Après ces préparatifs, pendant que Victoire soccupe des autres détails, je lis un chapitre du Sopha, une lettre dHéloïse et deux contes de La Fontaine, pour recorder les différents tons que je voulais prendre. Cependant mon Chevalier arrive à ma porte, avec lempressement quil a toujours. Mon Suisse la lui refuse, et lui apprend que je suis malade : premier incident. Il lui remet en même temps un billet de moi, mais non de mon écriture, suivant ma prudente règle. Il louvre, et y trouve, de la main de Victoire : « À neuf heures précises, au Boulevard, devant les Cafés. » Il sy rend ; et là, un petit Laquais quil ne connaît pas, quil croit au moins ne pas connaître, car cétait toujours Victoire, vient lui annoncer quil faut renvoyer sa voiture et le suivre. Toute cette marche romanesque lui échauffait la tête dautant, et la tête échauffée ne nuit à rien. Il arrive enfin, et la surprise et lamour causaient en lui un véritable enchantement. Pour lui donner le temps de se remettre, nous nous promenons un moment dans le bosquet ; puis je le ramène vers la maison. Il voit dabord deux couverts mis ; ensuite un lit fait. Nous passons jusquau boudoir, qui était dans toute sa parure. Là, moitié réflexion, moitié sentiment, je passai mes bras autour de lui et me laissai tomber à ses genoux. « Ô mon ami, lui dis-je, pour vouloir te ménager la surprise de ce moment, je me reproche de tavoir affligé par lapparence de lhumeur, davoir pu un instant voiler mon cœur à tes regards. Pardonne-moi mes torts : je veux les expier à force damour. » Vous jugez de leffet de ce discours sentimental. Lheureux Chevalier me releva, et mon pardon fut scellé sur cette même ottomane où vous et moi scellâmes si gaiement et de la même manière notre éternelle rupture.

Comme nous avions six heures à passer ensemble, et que javais résolu que tout ce temps fût pour lui également délicieux, je modérai ses transports, et laimable coquetterie vint remplacer la tendresse. Je ne crois pas avoir jamais mis tant de soin à plaire, ni avoir été jamais aussi contente de moi. Après le souper, tour à tour enfant et raisonnable, folâtre et sensible, quelquefois même libertine, je me plaisais à le considérer comme un sultan au milieu de son sérail, dont jétais tour à tour les favorites différentes. En effet, ses hommages réitérés, quoique toujours reçus par la même femme, le furent toujours par une maîtresse nouvelle.

Enfin au point du jour il fallut se séparer ; et, quoi quil dit, quoi quil fît même pour me prouver le contraire, il en avait autant de besoin que peu denvie. Au moment où nous sortîmes, et pour dernier adieu, je pris la clef de cet heureux séjour, et la lui remettant entre les mains : « Je ne lai eue que pour vous, lui dis-je ; il est juste que vous en soyez maître : cest au sacrificateur à disposer du temple. » Cest par cette adresse que jai prévenu les réflexions quaurait pu lui faire naître la propriété, toujours suspecte, dune petite maison. Je le connais assez, pour être sûre quil ne sen servira que pour moi ; et si la fantaisie me prenait dy aller sans lui, il me reste bien une double clef. Il voulait à toute force prendre jour pour y revenir ; mais je laime trop encore, pour vouloir luser si vite. Il ne faut se permettre dexcès quavec les gens quon veut quitter bientôt. Il ne sait pas cela, lui ; mais, pour son bonheur, je le sais pour deux.

Je maperçois quil est trois heures du matin, et que jai écrit un volume, ayant le projet de nécrire quun mot. Tel est le charme de la confiante amitié : cest elle qui fait que vous êtes toujours ce que jaime le mieux ; mais, en vérité, le Chevalier est ce qui me plaît davantage.

De, ce 12 août 17**.

Lettre XI. La Présidente de Tourvel à Madame de Volanges

Votre lettre sévère maurait effrayée, Madame, si par bonheur, je navais trouvé ici plus de motifs de sécurité que vous ne men donnez de crainte. Ce redoutable M. de Valmont, qui doit être la terreur de toutes les femmes, paraît avoir déposé ses armes meurtrières avant dentrer dans ce château. Loin dy former des projets, il ny a pas même porté de prétentions, et la qualité dhomme aimable que ses ennemis mêmes lui accordent, disparaît presque ici, pour ne lui laisser que celle de bon enfant. Cest apparemment lair de la campagne qui a produit ce miracle. Ce que je puis vous assurer, cest quétant sans cesse avec moi, paraissant même sy plaire, il ne lui est pas échappé un mot qui ressemble à lamour, pas une de ces phrases que tous les hommes se permettent, sans avoir, comme lui, ce quil faut pour les justifier. Jamais il noblige à cette réserve, dans laquelle toute femme qui se respecte est forcée de se tenir aujourdhui, pour contenir les hommes qui lentourent. Il sait ne point abuser de la gaieté quil inspire. Il est peut-être un peu louangeur ; mais cest avec tant de délicatesse, quil accoutumerait la modestie même à léloge. Enfin, si javais un frère, je désirerais quil fût tel que M. de Valmont se montre ici. Peut-être beaucoup de femmes lui désireraient une galanterie plus marquée ; et javoue que je lui sais un gré infini davoir su me juger assez bien pour ne pas me confondre avec elles.

Ce portrait diffère beaucoup sans doute de celui que vous me faites ; et, malgré cela, tous deux peuvent être ressemblants en fixant les époques. Lui-même convient davoir eu beaucoup de torts, et on lui en aura bien aussi prêté quelques-uns. Mais jai rencontré peu dhommes qui parlassent des femmes honnêtes avec plus de respect, je dirais presque denthousiasme. Vous mapprenez quau moins sur cet objet il ne trompe pas. Sa conduite avec Madame de Merteuil en est une preuve. Il nous en parle beaucoup ; et cest toujours avec tant déloges et lair dun attachement si vrai, que jai cru, jusquà la réception de votre lettre, que ce quil appelait amitié entre eux deux était bien réellement de lamour. Je maccuse de ce jugement téméraire, dans lequel jai eu dautant plus de tort, que lui-même a pris souvent le soin de la justifier. Javoue que je ne regardais que comme finesse, ce qui était de sa part une honnête sincérité. Je ne sais ; mais il me semble que celui qui est capable dune amitié aussi suivie pour une femme aussi estimable, nest pas un libertin sans retour. Jignore au reste si nous devons la conduite sage quil tient ici à quelques projets dans les environs, comme vous le supposez. Il y a bien quelques femmes aimables à la ronde ; mais il sort peu, excepté le matin, et alors il dit quil va à la chasse. Il est vrai quil rapporte rarement du gibier ; mais il assure quil est maladroit à cet exercice. Dailleurs, ce quil peut faire au dehors minquiète peu, et si je désirais le savoir, ce ne serait que pour avoir une raison de plus de me rapprocher de votre avis ou de vous ramener au mien.

Sur ce que vous me proposez, de travailler à abréger le séjour que M. de Valmont compte faire ici, il me paraît bien difficile doser demander à sa tante de ne pas avoir son neveu chez elle, dautant quelle laime beaucoup. Je vous promets pourtant, mais seulement par déférence et non pas par besoin, de saisir loccasion de faire cette demande, soit à elle, soit à lui-même. Quant à moi, M. de Tourvel est instruit de mon projet de rester ici jusquà son retour, et il sétonnerait, avec raison, de la légèreté qui men ferait changer.

Voilà, Madame, de bien longs éclaircissements : mais jai cru devoir à la vérité, un témoignage avantageux à M. de Valmont, et dont il me paraît avoir grand besoin auprès de vous. Je nen suis pas moins sensible à lamitié qui a dicté vos conseils. Cest à elle que je dois aussi ce que vous me dites dobligeant à loccasion du retard du mariage de Mademoiselle votre fille. Je vous en remercie bien sincèrement : mais, quelque plaisir que je me promette à passer ces moments avec vous, je les sacrifierais de bien bon cœur au désir de savoir Mademoiselle de Volanges plus tôt heureuse, si pourtant elle peut jamais lêtre plus quauprès dune mère aussi digne de toute sa tendresse et de son respect. Je partage avec elle ces deux sentiments qui mattachent à vous, et je vous prie den recevoir lassurance avec bonté.

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