Шодерло де Лакло Пьер - Опасные связи / Les liaisons dangereuses. Книга для чтения на французском языке стр 8.

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Jai lhonneur dêtre, etc.

De, ce 13 août 17**.

Lettre XII. Cécile Volanges à la Marquise de Merteuil

Maman est incommodée, Madame ; elle ne sortira point, et il faut que je lui tienne compagnie : ainsi je naurai pas lhonneur de vous accompagner à lOpéra. Je vous assure que je regrette bien plus de ne pas être avec vous que le spectacle. Je vous prie den être persuadée. Je vous aime tant ! Voudriez-vous bien dire à M. le Chevalier Danceny que je nai point le recueil dont il ma parlé, et que si il veut me lapporter demain, il me fera grand plaisir. Sil vient aujourdhui, on lui dira que nous ny sommes pas ; mais cest que Maman ne veut recevoir personne. Jespère quelle se portera mieux demain.

Jai lhonneur dêtre, etc.

De, ce 13 août 17**.

Lettre XIII. La Marquise de Merteuil à Cecile Volanges

Je suis très fâchée, ma belle, dêtre privée du plaisir de vous voir, et de la cause de cette privation. Jespère que cette occasion se retrouvera. Je macquitterai de votre commission auprès du Chevalier Danceny, qui sera sûrement très fâché de savoir votre Maman malade. Si elle veut me recevoir demain, jirai lui tenir compagnie. Nous attaquerons, elle et moi, le Chevalier de Belleroche[10] au piquet ; et, en lui gagnant son argent, nous aurons, pour surcroît de plaisir, celui de vous entendre chanter avec votre aimable maître, à qui je le proposerai. Si cela convient à votre Maman et à vous, je réponds de moi et de mes deux Chevaliers. Adieu, ma belle ; mes compliments à ma chère Mme de Volanges.

Je vous embrasse bien tendrement.

De, ce 13 août 17**.

Lettre XIV. Cécile Volanges à Sophie Carnay

Je ne tai pas écrit hier, ma chère Sophie : mais ce nest pas le plaisir qui en est cause ; je ten assure bien. Maman était malade, et je ne lai pas quittée de la journée. Le soir, quand je me suis retirée, je navais cœur à rien du tout ; et je me suis couchée bien vite, pour massurer que le journée fût finie : jamais je nen avais passé de si longue. Ce nest pas que je naime bien Maman ; mais je ne sais pas ce que cétait. Je devais aller à lOpéra avec Madame de Merteuil ; le Chevalier Danceny devait y être. Tu sais bien que ce sont les deux personnes que jaime le mieux. Quand lheure où jaurais dû y être aussi est arrivée, mon cœur sest serré malgré moi. Je me déplaisais à tout, et jai pleuré, pleuré, sans pouvoir men empêcher. Heureusement, Maman était couchée, et ne pouvait pas me voir. Je suis sûre que le Chevalier Danceny aura été fâché aussi ; mais il aura été distrait par le spectacle et par tout le monde : cest bien différent.

Par bonheur, Maman va fort bien aujourdhui, et Mme de Merteuil viendra avec une autre personne et le Chevalier Danceny : mais elle arrive toujours bien tard, Mme de Merteuil ; et quand on est si longtemps toute seule, cest bien ennuyeux. Il nest encore quonze heures. Il est vrai quil faut que je joue de la harpe ; et puis ma toilette me prendra un peu de temps, car je veux être bien coiffée aujourdhui. Je crois que la mère Perpétue a raison, et quon devient coquette dès quon est dans le monde. Je nai jamais eu tant denvie dêtre jolie que depuis quelques jours, et je trouve que je ne le suis pas autant que je le croyais ; et puis, auprès des femmes qui ont du rouge, on perd beaucoup. Mme de Merteuil, par exemple, je vois bien que tous les hommes la trouvent plus jolie que moi : cela ne me fâche pas beaucoup, parce quelle maime bien ; et puis elle assure que le Chevalier Danceny me trouve plus jolie quelle. Cest bien honnête à elle de me lavoir dit ! elle avait même lair den être bien aise. Par exemple, je ne conçois pas cela. Cest quelle maime tant ! et lui ! oh ! ça ma fait bien plaisir ! aussi, cest quil me semble que rien que le regarder suffit pour embellir. Je le regarderais toujours, si je ne craignais de rencontrer ses yeux : car toutes les fois que cela marrive, cela me décontenance, et me fait comme de la peine ; mais ça ne fait rien.

Adieu, ma chère amie ; je vais me mettre à ma toilette. Je taime toujours comme de coutume.

Paris, ce 14 août 17**.

Lettre XV. Le Vicomte de Valmont à la Marquise de Merteuil

Il est bien honnête à vous de ne pas mabandonner à mon triste sort. La vie que je mène ici est réellement fatigante, par lexcès de son repos et son insipide uniformité. En lisant votre lettre et le détail de votre charmante journée, jai été tenté vingt fois de prétexter une affaire, de voler à vos pieds et de vous y demander, en ma faveur, une infidélité à votre Chevalier, qui, après tout, ne mérite pas son bonheur. Savez-vous que vous mavez rendu jaloux de lui ? Que me parlez-vous déternelle rupture ? Jabjure ce serment prononcé dans le délire : nous naurions pas été dignes de le faire, si nous eussions dû le garder. Ah ! que je puisse un jour me venger dans vos bras du dépit involontaire que ma causé le bonheur du Chevalier ! je suis indigné, je lavoue, quand je songe que cet homme, sans raisonner, sans se donner la moindre peine, en suivant tout bêtement linstinct de son cœur, trouve une félicité à laquelle je ne puis atteindre. Oh ! je la troublerai Promettez-moi que je la troublerai. Vous-même nêtes-vous pas humiliée ? Vous vous donnez la peine de le tromper, et il est plus heureux que vous. Vous le croyez dans vos chaînes ! et cest bien vous qui êtes dans les siennes. Il dort tranquillement, tandis que vous veillez pour ses plaisirs. Que ferait de plus son esclave ?

Tenez, ma belle amie, tant que vous vous partagez entre plusieurs, je nai pas la moindre jalousie : je ne vois alors dans vos amants que les successeurs dAlexandre, incapables de conserver entre eux tous cet empire où je régnais seul. Mais que vous vous donniez entièrement à un deux ! quil existe un autre homme aussi heureux que moi ! je ne le souffrirai pas ; nespérez pas que je le souffre. Ou reprenez-moi, ou au moins prenez-en un autre ; et ne trahissez pas, par un caprice exclusif, lamitié inviolable que nous nous sommes jurée.

Cest bien assez, sans doute, que jaie à me plaindre de lamour. Vous voyez que je me prête à vos idées, et que javoue mes torts. En effet, si lamour est de ne pouvoir vivre sans posséder ce quon désire, dy sacrifier son temps, ses plaisirs, sa vie, je suis bien réellement amoureux. Je nen suis guère avancé. Je naurais même rien du tout à vous apprendre à ce sujet, sans un événement qui me donne beaucoup à réfléchir, et dont je ne sais encore si je dois craindre ou espérer.

Vous connaissez mon chasseur, trésor dintrigue, et vrai valet de comédie ; vous jugez bien que ses instructions portaient dêtre amoureux de la femme de chambre, et denivrer les gens. Le coquin est plus heureux que moi ; il a déjà réussi. Il vient de découvrir que Madame de Tourvel a chargé un de ses gens de prendre des informations sur ma conduite, et même de me suivre dans mes courses du matin, autant quil le pourrait, sans être aperçu. Que prétend cette femme ? Ainsi donc la plus modeste de toutes ose encore risquer des choses quà peine nous oserions nous permettre ! Je jure bien Mais, avant de songer à me venger de cette ruse féminine, occupons-nous des moyens de la tourner à notre avantage. Jusquici ces courses quon suspecte navaient aucun objet ; il faut leur en donner un. Cela mérite toute mon attention, et je vous quitte pour y réfléchir. Adieu, ma belle amie.

Toujours du château de, ce 15 août 17**.

Lettre XVI. Cécile Volanges à Sophie Carnay

Ah ! ma Sophie, voici bien des nouvelles ! je ne devrais peut-être pas te les dire : mais il faut bien que jen parle à quelquun ; cest plus fort que moi. Ce Chevalier Danceny Je suis dans un trouble, que je ne peux pas écrire : je ne sais par où commencer. Depuis que je tavais raconté la jolie soirée[11] que javais passée chez Maman avec lui et Mme de Merteuil, je ne ten parlais plus : cest que je ne voulais plus en parler à personne ; mais jy pensais pourtant toujours. Depuis il était devenu triste, mais si triste, si triste que ça me faisait de la peine ; et quand je lui demandais pourquoi, il me disait que non ; mais je voyais bien que si. Enfin hier il létait encore plus que de coutume. Ça na pas empêché quil nait eu la complaisance de chanter avec moi comme à lordinaire ; mais, toutes les fois quil me regardait cela me serrait le cœur. Après que nous eûmes fini de chanter, il alla renfermer ma harpe dans son étui ; et, en men rapportant la clef, il me pria den jouer encore le soir, aussitôt que je serais seule. Je ne me défiais de rien du tout ; je ne voulais même pas : mais il men pria tant, que je lui dis quoui. Il avait bien ses raisons. Effectivement, quand je fus retirée chez moi et que ma femme de chambre fut sortie, jallai pour prendre ma harpe. Je trouvai dans les cordes une lettre, pliée seulement, et point cachetée, et qui était de lui. Ah ! si tu savais tout ce quil me mande ! Depuis que jai lu sa lettre, jai tant de plaisir, que je ne peux plus songer à autre chose. Je lai relue quatre fois tout de suite, et puis je lai serrée dans mon secrétaire. Je la savais par cœur ; et, quand jai été couchée, je lai tant répétée, que je ne songeais pas à dormir. Dès que je fermais les yeux, je le voyais là, qui me disait lui-même tout ce que je venais de lire. Je ne me suis endormie que bien tard ; et aussitôt que je me suis réveillée (il était encore de bien bonne heure), jai été reprendre sa lettre pour la relire à mon aise. Je lai emportée dans mon lit, et puis je lai baisée, comme si Cest peut-être mal fait de baiser une lettre comme ça ? mais je nai pas pu men empêcher.

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