Морис Леблан - Арсен Люпен – джентельмен-грабитель / Arsеne Lupin Gentleman-Cambrioleur. Книга для чтения на французском языке стр 7.

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Фон

 Pas un sou, fichez-moi la paix.

 Fixez votre prix, je suis riche, extrêmement riche.

La brutalité de loffre déconcerta Ganimard qui reprit, plus calme :

 Je suis ici en congé et je nai pas le droit de me mêler

 Personne ne le saura. Je mengage, quoi quil arrive, à garder le silence.

 Oh ! il narrivera rien.

 Eh bien, voyons, trois mille francs, est-ce assez ?

Linspecteur huma une prise de tabac, réfléchit, et laissa tomber :

 Soit. Seulement, je dois vous déclarer loyalement que cest de largent jeté par la fenêtre.

 Ça mest égal.

 En ce cas Et puis, après tout, est-ce quon sait avec ce diable de Lupin ! Il doit avoir à ses ordres toute une bande Êtes-vous sûr de vos domestiques ?

 Ma foi

 Alors, ne comptons pas sur eux. Je vais prévenir par dépêche deux gaillards de mes amis qui nous donneront plus de sécurité Et maintenant, filez, quon ne nous voie pas ensemble. À demain, vers les neuf heures.

* * *

Le lendemain, date fixée par Arsène Lupin, le baron Cahorn décrocha sa panoplie, fourbit ses armes, et se promena aux alentours de Malaquis. Rien déquivoque ne le frappa.

Le soir, à huit heures et demie, il congédia ses domestiques. Ils habitaient une aile en façade sur la route, mais un peu en retrait, et tout au bout du château. Une fois seul, il ouvrit doucement les quatre portes. Après un moment, il entendit des pas qui sapprochaient.

Ganimard présenta ses deux auxiliaires, grands gars solides, au cou de taureau et aux mains puissantes, puis demanda certaines explications. Sétant rendu compte de la disposition des lieux, il ferma soigneusement et barricada toutes les issues par où lon pouvait pénétrer dans les salles menacées. Il inspecta les murs, souleva les tapisseries, puis enfin il installa ses agents dans la galerie centrale.

 Pas de bêtises, hein ? On nest pas ici pour dormir. À la moindre alerte, ouvrez les fenêtres de la cour et appelez-moi. Attention aussi du côté de leau. Dix mètres de falaise droite, des diables de leur calibre, ça ne les effraye pas.

Il les enferma, emporta les clefs, et dit au baron :

 Et maintenant, à notre poste.

Il avait choisi, pour y passer la nuit, une petite pièce pratiquée dans lépaisseur des murailles denceinte, entre les deux portes principales, et qui était, jadis, le réduit du veilleur. Un judas souvrait sur le pont, un autre sur la cour. Dans un coin on apercevait comme lorifice dun puits.

 Vous mavez bien dit, monsieur le baron, que ce puits était lunique entrée des souterrains, et que, de mémoire dhomme, elle est bouchée ?

 Oui.

 Donc, à moins quil nexiste une autre issue ignorée de tous, sauf dArsène Lupin, ce qui semble un peu problématique, nous sommes tranquilles.

Il aligna trois chaises, sétendit confortablement, alluma sa pipe et soupira :

 Vraiment, monsieur le baron, il faut que jaie rudement envie dajouter un étage à la maisonnette où je dois finir mes jours, pour accepter une besogne aussi élémentaire. Je raconterai lhistoire à lami Lupin, il se tiendra les côtes de rire.

Le baron ne riait pas. Loreille aux écoutes, il interrogeait le silence avec une inquiétude croissante. De temps en temps il se penchait sur le puits et plongeait dans le trou béant un œil anxieux.

Onze heures, minuit, une heure sonnèrent.

Soudain, il saisit le bras de Ganimard qui se réveilla en sursaut.

 Vous entendez ?

 Oui.

 Quest-ce que cest ?

 Cest moi qui ronfle !

 Mais non, écoutez

 Ah ! parfaitement, cest la corne dune automobile.

 Eh bien ?

 Eh bien, il est peu probable que Lupin se serve dune automobile comme dun bélier pour démolir votre château. Aussi, monsieur le baron, à votre place, je dormirais comme je vais avoir lhonneur de le faire à nouveau. Bonsoir.

Ce fut la seule alerte. Ganimard put reprendre son somme interrompu, et le baron nentendit plus que son ronflement sonore et régulier.

Au petit jour, ils sortirent de leur cellule. Une grande paix sereine, la paix du matin au bord de leau fraîche, enveloppait le château. Cahorn radieux de joie, Ganimard toujours paisible, ils montèrent lescalier. Aucun bruit. Rien de suspect.

 Que vous avais-je dit, monsieur le baron ? Au fond, je naurais pas dû accepter Je suis honteux

Il prit les clefs et entra dans la galerie.

Sur deux chaises, courbés, les bras ballants, les deux agents dormaient.

 Tonnerre de nom dun chien ! grogna linspecteur.

Au même instant, le baron poussait un cri :

 Les tableaux ! la crédence !

Il balbutiait, suffoquait, la main tendue vers les places vides, vers les murs dénudés où pointaient les clous, où pendaient les cordes inutiles. Le Watteau, disparu ! les Rubens, enlevés ! les tapisseries, décrochées ! les vitrines, vidées de leurs bijoux !

 Et mes candélabres Louis XVI ! et le chandelier du Régent ! et ma Vierge du douzième !

Il courait dun endroit à lautre, effaré, désespéré. Il rappelait ses prix dachat, additionnait les pertes subies, accumulait des chiffres, tout cela pêle-mêle, en mots indistincts, en phrases inachevées. Il trépignait, il se convulsait, fou de rage et de douleur. On aurait dit un homme ruiné qui na plus quà se brûler la cervelle.

Si quelque chose eût pu le consoler, ceût été de voir la stupeur de Ganimard. Contrairement au baron, linspecteur ne bougeait pas lui. Il semblait pétrifié, et dun œil vague il examinait les choses. Les fenêtres ? fermées. Les serrures des portes ? intactes. Pas de brèche au plafond. Pas de trou au plancher. Lordre était parfait. Tout cela avait dû seffectuer méthodiquement, daprès un plan inexorable et logique.

 Arsène Lupin Arsène Lupin, murmura-t-il, effondré.

Soudain, il bondit sur les deux agents, comme si la colère enfin le secouait, et il les bouscula furieusement et les injuria. Ils ne se réveillèrent point !

 Diable, fit-il, est-ce que par hasard ?

Il se pencha sur eux et, tour à tour, les observa avec attention : ils dormaient, mais dun sommeil qui nétait pas naturel.

Il dit au baron :

 On les a endormis.

 Mais qui ?

 Eh lui, parbleu ! ou sa bande, mais dirigée par lui. Cest un coup de sa façon. La griffe y est bien.

 En ce cas, je suis perdu, rien à faire.

 Rien à faire.

 Mais cest abominable, cest monstrueux.

 Déposez une plainte.

 À quoi bon ?

 Dame ! essayez toujours la justice a des ressources

 La justice ! mais vous voyez bien par vous-même Tenez, en ce moment, où vous pourriez chercher un indice, découvrir quelque chose, vous ne bougez même pas.

 Découvrir quelque chose avec Arsène Lupin ! Mais, mon cher monsieur, Arsène Lupin ne laisse jamais rien derrière lui ! Il ny a pas de hasard avec Arsène Lupin ! Jen suis à me demander si ce nest pas volontairement quil sest fait arrêter par moi, en Amérique !

 Alors, je dois renoncer à mes tableaux, à tout ! Mais ce sont les perles de ma collection quil ma dérobées. Je donnerais une fortune pour les retrouver. Si on ne peut rien contre lui, quil dise son prix !

Ganimard le regarda fixement.

 Ça, cest une parole sensée. Vous ne la retirez pas ?

 Non, non, non. Mais pourquoi ?

 Une idée que jai.

 Quelle idée ?

 Nous en parlerons si lenquête naboutit pas Seulement, pas un mot de moi, si vous voulez que je réussisse.

Il ajouta entre ses dents :

 Et puis, vrai, je nai pas de quoi me vanter.

Les deux agents reprenaient peu à peu connaissance avec cet air hébété de ceux qui sortent du sommeil hypnotique. Ils ouvraient des yeux étonnés, ils cherchaient à comprendre. Quand Ganimard les interrogea, ils ne se souvenaient de rien.

 Cependant, vous avez dû voir quelquun ?

 Non.

 Rappelez-vous ?

 Non, non.

 Et vous navez pas bu ?

Ils réfléchirent, et lun deux répondit :

 Si, moi, jai bu un peu deau.

 De leau de cette carafe ?

 Oui.

 Moi aussi, déclara le second.

Ganimard la sentit, la goûta. Elle navait aucun goût spécial, aucune odeur.

 Allons, fit-il, nous perdons notre temps. Ce nest pas en cinq minutes que lon résoud les problèmes posés par Arsène Lupin. Mais, morbleu ! je jure bien que je le repincerai. Il gagne la seconde manche. À moi la belle !

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