Александр Дюма - Les Trois Mousquetaires. Уровень 1 / Три мушкетера стр 5.

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 Mais où et comment vous reverrai-je? a dit dArtagnan quand toutes les instructions lui ont été données.

 Voulez-vous me revoir?

 Certainement.

 Eh bien, reposez-vous sur moi de ce soin[154], et soyez tranquille.

 Je compte sur votre parole[155].

DArtagnan lui a lancé le coup doeil[156] le plus amoureux.

Chapitre X

Après ce jour dArtagnan a pensé beaucoup de Mme Bonacieux. Jolie, mystérieuse, initiée à tous les secrets de cour[157], elle était presque une idéalité amoureuse pour le jeune homme. Mais elle ne voulait point lui découvrir ses secrets.

Un jour dArtagnan a cherché un moyen de visiter M. de Tréville. Il a appris que de Tréville était au Louvre et a décidé dy aller. Comme il arrivait à la rue Guénégaud, il a vu un groupe composé de deux personnes: lun, un homme; lautre, une femme. Cette femme, a pensé dArtagnan, ressemblait Mme Bonacieux et lhomme, il ressemblait Aramis, son ami! De plus, il portait luniforme des mousquetaires. DArtagnan a décidé de les suivre. La jalousie sest agitée dans son coeur.

DArtagnan les a rattrapés, et ils se sont arrêtés devant lui.

 Que voulez-vous? a demandé le mousquetaire avec un accent étranger.

 Ce nest pas Aramis! il sest écrié.

 Non, monsieur, et je vois que vous mavez pris pour un autre, et je vous pardonne.

 Vous me pardonnez! sest écrié dArtagnan.

 Oui, a répondu linconnu, laissez-moi donc passer.

 Monsieur, a dit dArtagnan, ce nest pas à vous que jai affaire, cest à madame.

 Ah! a dit Mme Bonacieux dun ton de reproche[158], ah monsieur!

DArtagnan, plein de jalousie, a tiré son épée. En même temps et avec la rapidité de léclair, linconnu a tiré la sienne. Mme Bonacieux sest jetée entre les combattants avec ces mots:

 Ah, cet homme, cest le duc de Buckingham!

 Milord, madame, pardon, cent fois pardon[159]; mais je laimais, Milord, et jétais jaloux; vous savez ce que cest que daimer.

Le duc la pardonné et lui a demandé de les suivre jusquau Louvre à vingt pas[160] pour les défendre en cas de danger.

Maintenant dArtagnan a été tranquille. Il a suivi le duc avec Mme Bonacieux jusquau Louvre et a décidé de rentrer chez soi.

Chapitre XI

Le jour suivant le jeune homme a entendu la conversation entre monsieur et madame Bonacieux.

Nous devons dire que M. Bonacieux a enduré beaucoup des épreuves depuis son arrestation. Il a été conduit au M. le cardinal lui-même, car les intrigues, à lesquelles sa femme avait participé, étaient trop sérieuses et concernaient la famille royale. Le pauvre Bonacieux a été épouvanté. Le cardinal lui a posé beaucoup de questions qui concernaient linformation reçue de sa femme, son rapport proposé avec les intrigues et secrets de Mme Bonacieux. M. Bonacieux tâchait de se présenter comme un homme loyal au cardinal. Il a réussi à lui assurer sa fidélité[161]. Le pauvre homme a été libéré. Après cette rencontre Bonacieux est devenu un fervent cardinaliste[162], il était toujours prêt à informer Son Éminence de tous les détails qui lui semblaient importants.

Et maintenant Mme Bonacieux a demandé à son mari daller à Londres, et celui-ci en a refusé.

La femme lui a dit que cétait le moyen de gagner beaucoup dargent.

 Une personne illustre vous envoie, une personne illustre vous attend: la récompense dépassera vos désirs, voilà tout ce que je puis vous promettre, elle a dit.

 Des intrigues encore, toujours des intrigues! Comme serviteur du cardinal, je ne permettrai pas que vous vous livriez à des complots contre la sûreté de lÉtat[163], et que vous serviez les intrigues de la reine.

M. Bonacieux a compris rapidement que la demande de sa femme était liée aux affaires amoureuses de la reine.

 Allons, êtes-vous décidé[164]? elle a dit.

 Tenez, madame Bonacieux, a dit le bourgeois, tenez, décidément, je refuse: les intrigues me font peur. De plus, les conséquences de ce voyage peuvent être dangereuses. Jai vu la Bastille, moi. Brrrrou! cest affreux, la Bastille!

 Vous nêtes point assez brave pour mêtre dune utilité quelconque[165], et je men retournerai bien au Louvre toute seule.

 Comme il vous plaira[166], madame Bonacieux, a répondu le bourgeois, et avec ces mots il sest eloigné rapidement.

Nous savons quen même temps cette conversation a été entendue par dArtagnan. Aussitôt que M. Bonacieux était sorti, le jeune homme est entré par la porte.

 Madame, il a dit, je suis prêt à me jeter dans le feu pour vous; enfin que la reine a besoin dun homme brave, intelligent et dévoué.

 Et quelle garantie me donnerez-vous si je vous confie cette mission?

 Mon amour pour vous.

Le coeur de Mme Bonacieux battait de joie, et une secrète espérance a brillé à ses yeux[167]. Elle a trouvé un messagier à Londres dont elle avait besoin. La jeune femme lui a confié le terrible secret. DArtagnan a connu déjà que Mme Bonacieux avait conduit le duc Buckingham au Louvres. Là, le duc, plein de lamour, avait une rencontre avec la reine, pendant lequel il avait demandé quelque chose appartenant à la reine comme souvenir. La reine lui avait donné les ferrets de diamants[168]. Mais le cardinal avait appris que le duc visitait la reine, de plus, il savait que les ferrets étaient sortis avec lui. Lorsque le cardinal avait ses propres comptes avec la reine à cause du refus de cette dernière de devenir sa maîtresse[169], il avait décidé dinformer le roi de cette visite secrète. Le roi était en colère, et pour recevoir la preuve de linfidélité de la reine, le cardinal lui avait conseillé:

 Sire, noubliez pas de dire à Sa Majesté, quau bal prochain qui sera à lhôtel de ville[170] vous désirez voir comment lui vont ses ferrets de diamants[171].

Quand la reine avait appris tout ça, elle était désespérée. Elle avait demandé à sa lingère Mme Bonacieux de trouver immédiatement un messagier qui irait à Londre[172] pour rendre les ferrets de diamants au Louvre.

Et maintenant Mme Bonacieux a trouvé cet homme dévoué. DArtagnan rayonnait de joie et dorgueil. Ce secret quil possédait, cette femme quil aimait, la confiance et lamour, faisaient de lui un géant[173].

Quand dArtagnan est parti, Mme Bonacieux le suivait des yeux avec un long regard damour.

Chapitre XII

Le coeur de dArtagnan débordait de joie. Une occasion se présentait à lui où il y avait gloire à acquérir et argent à gagner. De plus, cette occasion venait de le rapprocher dune femme quil adorait.

Premièrement, dArtagnan sest rendu droit chez M. de Tréville. Le jeune homme lui a raconté quil allait en mission et que lhonneur et peut-être la vie de la reine dépendaient de son succès. De Tréville a compris limportance de la mission. Il était prêt à obtenir de M. des Essarts un congé pour dArtagnan[174]. De plus, le capitaine lui a conseillé de ne pas partir seul. Comme dArtagnan avait trois amis fidéles parmi les mousquetaires, de Tréville a envoyé à chacun deux un congé de quinze jours.

Après cette visite dArtagnan a trouvé ses trois amis et leur a demandé de laccompagner dans ce voyage dangereux.

 Pouvez-vous mexpliquer ce que signifient ce congé et cette lettre que je viens de recevoir? lui a dit Athos étonné.

 Eh bien, ce congé et cette lettre signifient quil faut me suivre, Athos, a répondu dArtagnan.

 Pour le service du roi?

 Du roi ou de la reine: ne sommes-nous pas serviteurs de Leurs Majestés[175]?

 Pour quel pays partons-nous? a demandé Porthos.

 Pour Londres, messieurs, a dit dArtagnan.

 Et quallons-nous faire à Londres?

 Voilà ce que je ne puis vous dire, messieurs, et il faut vous fier à moi.

 Mais, puisque nous risquons de nous faire tuer[176], a dit Porthos, je voudrais bien savoir pourquoi, au moins?

 Le roi a-t-il lhabitude de vous rendre des comptes[177]? Non; il vous dit tout bonnement: «Messieurs, on se bat en Gascogne ou dans les Flandres; allez vous battre», et vous y allez.

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