Морган Райс - Les Plus Vaillants: Le Fil de l’Épée, tome 2 стр 6.

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Il accéléra, poussé par l’idée de rejoindre ses proches. L’Île Rouge lui avait appris à continuer à courir, quelle que soit la façon dont son cœur battait dans sa poitrine ou dont ses jambes lui faisaient mal. Il avait survécu à la course piégée à travers l’île, alors se forcer à courir plus loin et plus vite à travers une forêt n’était rien.

Sa vitesse et sa force l’aidaient. Des arbres défilaient de part et d’autre, Royce ignorait les branches qui lui griffaient la tête. Il entendait les créatures des bois s’enfuir pour s’éloigner de cet intrus qui traversait leur territoire, et il savait qu’il devait trouver un meilleur moyen de se déplacer. S’il continuait à faire autant de bruit, il attirerait tous les soldats du duché.

— Laisse-les venir, murmura Royce pour lui-même. Je les tuerai tous.

Une partie de lui voulait faire cela et plus encore. Il avait réussi à tuer le seigneur qui l’avait plongé, lui et ses amis, dans la fosse de combat ; il avait réussi à tuer les gardes qui l’avaient attaqué, mais il savait aussi qu’il ne pouvait pas s’en prendre à toute une terre peuplée d’ennemis. Le plus fort, le plus rapide, le plus dangereux des hommes ne pouvait affronter plus que quelques ennemis, parce qu’il y aurait simplement trop d’endroits d’où une lame pourrait apparaitre de façon inattendue.

— Je trouverai un moyen de faire quelque chose, dit Royce, mais il ralentit tout de même, se déplaçant plus prudemment dans la forêt, essayant de ne pas troubler la paix des arbres qui l’entouraient. Il pouvait entendre les oiseaux et les animaux qui s’y trouvaient, les sons transformant ce qui semblait être un espace vide en un paysage que les chants et les cris semblaient remplir tout entier.

Que pouvait-il faire ? Son premier instinct, lorsqu’il avait commencé sa course, avait été de continuer à avancer, de sortir dans les espaces sauvages où les hommes ne vivaient pas, et où le Picti survivait. Il avait pensé disparaître, simplement disparaître, parce qu’il n’y avait rien pour le retenir.

Brièvement, son esprit dessina une image de Geneviève, regardant en bas depuis les gradins de la fosse de combat, apparemment indifférente. Il mit cette image de côté, parce qu’il ne voulait pas penser à Geneviève. C’était trop douloureux de repenser à elle, le regardant comme elle l’avait fait. Pourquoi ne pas disparaître dans ces territoires où les hommes ne vivaient pas ?

L’une des raisons était Mark. Son ami était tombé dans la fosse, mais Royce n’avait pas vu le moment de sa mort. Une partie de lui voulait croire que Mark aurait pu y survivre quand les jeux avaient été perturbés par son tour de force. Les nobles ne voudraient-ils pas le voir combattre à nouveau si cela était possible ? Ne voudraient-ils pas que son ami les divertisse autant que possible ?

— Il doit être vivant, dit Royce, c’est certain.

Même pour lui, cette pensée ressemblait à un mensonge destiné à le convaincre lui-même. Royce secoua la tête et continua de traverser la forêt, essayant de s’orienter. Il avait l’impression qu’il serait impuissant tant qu’il ne serait pas rentré chez lui. Il s’y rendrait et, une fois qu’il serait de nouveau en sécurité, il serait en mesure d’établir un plan sur ce qu’il faudrait faire ensuite. Il serait capable de décider s’il devait fuir, ou essayer de trouver Mark, ou de lever miraculeusement une armée avec laquelle s’attaquer aux hommes du duc.

— Et peut-être que j’y parviendrai comme par enchantement, ironisa Royce tout en avançant. Il se déplaçait maintenant à la vitesse d’un animal traqué, se tenant courbé, plongeant sous le feuillage et se frayant un chemin sur le tapis de feuilles sans ralentir.

Il connaissait la forêt. Il connaissait les routes qui la traversaient mieux que quiconque, parce qu’il avait passé bien du temps ici avec ses frères. Ils s’étaient pourchassés les uns les autres et avaient chassé de petits animaux. Maintenant, c’était lui qui était poursuivi et chassé, et qui essayait de trouver un moyen de s’en sortir. Il était presque sûr qu’il y avait une piste de chasse non loin de là où il se tenait, qui descendait jusqu’à un petit ruisseau, passait devant la cabane d’un charbonnier, puis descendait vers le village.

Royce se dirigea vers elle, se frayant un chemin à travers la forêt, et fut arraché à ses pensées par un bruit au loin. C’était faible, mais c’était là : le bruit de pieds se déplaçant légèrement sur un terrain accidenté. Il ne l’aurait pas remarqué s’il n’avait pas passé autant de temps avec ses frères dans ces forêts, ou s’il n’avait pas appris sur l’Île Rouge que le danger pouvait surgir à tous moments.

— Est-ce que j’attends, ou est-ce que je me cache ? se demanda-t-il à haute voix. Il serait facile de faire irruption sur le chemin, car il n’entendait qu’une seule personne qui venait, qui n’avait même pas l’air d’être un soldat. Les pas des soldats se reconnaissait par le claquement des bottes, le cliquetis de l’armure et le raclement de la lance sur le sol. Ces pas étaient différents. Ce n’était probablement qu’un fermier ou un bûcheron.

Malgré tout, Royce resta en arrière, accroupi à l’ombre d’un arbre, à un endroit où ses racines s’arquaient pour former une sorte d’enclos naturel qui accueillait probablement les animaux lorsque le soleil se couchait. Certaines des branches à proximité étaient assez basses pour que Royce puisse les rabattre devant lui afin de se dissimuler, tout en restant capable de garder un œil sur le chemin. Il s’accroupit, sans bouger, sa main ne s’éloignant jamais de son épée.

Quand Royce vit une personne seule s’approcher le long du chemin, il faillit sortir. L’homme qui arrivait semblait désarmé et sans armure, ne portant que des vêtements en soie grise, qui semblaient sombres et sans forme. Ses pieds étaient enveloppés dans des chausses d’une peau tout aussi grise, avec des lanières qui recouvraient ses chevilles. Quelque chose l’arrêta cependant, et à mesure que l’homme s’approchait, Royce pouvait voir que sa peau était également grise, marquée par des tatouages violet et rouge qui formaient des spirales et des symboles, comme si quelqu’un avait trouvé en lui la seule surface disponible pour écrire un texte maudit.

Royce n’était pas sûr de ce que tout cela signifiait, mais il y avait quelque chose chez cet homme qui paraissait dangereux d’une manière qu’il ne pouvait pas identifier. Soudain, il fut soulagé d’être resté dissimulé là où il était. Il avait le sentiment que s’il s’était tenu sur le chemin de cet homme, le conflit aurait été inévitable.

Il sentit sa main se resserrer sur le pommeau de son épée, l’envie de faire irruption sans y réfléchir à l’esprit. Royce força sa main à se détendre, se souvenant du parcours piégé sur l’Île Rouge. Les garçons qui s’y étaient précipités sans réfléchir étaient morts avant même que Royce puisse commencer à les faire traverser en toute sécurité. C’était la même sensation. Il n’avait pas peur, exactement, mais en même temps, il pouvait sentir que cet homme n’était pas inoffensif.

Pour l’instant, la chose la plus sensée à faire semblait être de rester immobile, de ne même pas respirer.

Malgré cela, l’homme sur la piste s’arrêta, la tête baissée sur le côté comme s’il écoutait quelque chose. Royce vit l’étranger s’accroupir, fronçant les sourcils alors qu’il prenait une poignée d’objets dans une poche et les jetait sur le sol.

— Vous avez de la chance, dit l’étranger, sans lever les yeux. Je ne tue que ceux que le destin m’envoie tuer, et les runes disent que nous ne devons pas encore nous battre, étranger.

Royce ne répondit pas alors qu’une par une, l’étranger ramassait ses pierres.

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