Mûr pour la Pagaille - Грейс Фиона страница 3.

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Elle retira sa veste et ses gants, quitta ses bottes et se dirigea vers le tapis duveteux qui se trouvait devant la cheminée. Elle s’assit en tailleur à côté de son chat noir et blanc semi-domestiqué, Pirate, qui était roulé en boule sur un coin du tapis, profondément endormi.

– Je suis à l’intérieur, dit-elle à Bianca.

– Comment progresse ta production de vin ? demanda son ex-assistant. Est-ce que tes vins sont disponibles ? Puis-je commander une bouteille ?

– Eh bien, les vignes que j’ai commandées sont encore des bébés, expliqua Olivia. Elles ne produiront des raisins que l’année prochaine au plus tôt. J’ai même de la chance qu’elles aient germé avant l’hiver ! Il y a des vignes sauvages sur ma propriété et j’en découvre toujours de nouvelles à chaque fois que je vais me promener, mais je n’ai pas encore cueilli leurs raisins.

Olivia se souvint du premier frisson de joie qu’elle avait ressenti quand elle avait découvert la première vigne sauvage qui poussait sur sa ferme. C’était à ce moment qu’elle s’était rendu compte que les raisins pouvaient très bien pousser sur un sol rocailleux. Depuis, elle avait appris que sa propriété avait été une exploitation viticole longtemps auparavant, avant qu’elle ne tombe en ruine. Quelques-unes des vignes avaient survécu, mais Olivia savait qu’il faudrait crapahuter une journée entière dans les huit hectares de collines pour trouver tous les pieds qui, disséminés çà et là, étaient maintenant chargés de raisins mûrs. Elle n’avait pas encore eu le temps de le faire mais, si elle voulait produire un peu de vin cette année, elle serait forcée de partir à la recherche de ses vignes sauvages.

– Et ton travail ? demanda Bianca. Travailles-tu encore pour l’exploitation viticole ?

Olivia remua sur le tapis, mal à l’aise.

Les paroles de Bianca lui rappelaient ses problèmes de manière désagréable.

– En fait, j’ai quelques ennuis au travail, avoua-t-elle en imaginant comment Bianca allait froncer les sourcils, consternée par ses mots.

– Qu’est-il arrivé ? demanda-t-elle.

Maintenant, Olivia l’imaginait se ronger les ongles. Quand elle était soumise à du stress, elle le faisait toujours.

Olivia décida de se confier à son ex-assistante. C’était sa chance d’avouer la folie qu’elle avait commise.

CHAPITRE DEUX

– On m’a laissée sans surveillance dans le bâtiment de vinification et j’ai mal compris ce que j’avais le droit d’y faire. J’ai utilisé tout un lot de raisins qui ne m’étaient pas du tout destinés, avoua Olivia à Bianca.

Elle rougit de honte en se souvenant de l’assurance, non, de l’arrogance avec laquelle elle était entrée dans le bâtiment. Son cerveau de débutante avait débordé d’idées idiotes et impraticables de vins imbuvables.

– C’est terrible ! Pourquoi t’ont-ils laissée sans surveillance ? Ils savent que tu n’as pas d’expérience, dit Bianca d’un ton stupéfait qui n’aida pas du tout Olivia à se sentir mieux.

– C’était la fin de la saison de pousse et Nadia, la vigneronne, travaillait à notre autre exploitation viticole pendant quelques semaines avant de partir en vacances. Elle avait dit qu’il restait un excédent de vin dans quelques-uns des tonneaux et que je pouvais m’entraîner avec pour apprendre à effectuer des assemblages.

– OK. Et après, que s’est-il passé ? demanda Bianca, apparemment intriguée.

– Alors, les quelques dernières vendanges sont arrivées. Elles étaient prévues pour des vins spécifiques qui faisaient partie du plan de production annuel du vignoble. Tout le monde savait quoi faire avec eux mais, parce que j’étais là, ils ont cru que j’étais en charge et m’ont écoutée à la place des autres.

Olivia se souvint de la joie intense qu’elle avait ressentie quand les raisins récemment cueillis (les derniers de la vendange d’automne) avaient été livrés. Elle avait cru, à tort, qu’ils étaient aussi disponibles pour son propre usage et elle avait eu une idée de génie.

En fait, reconnut-elle, cela avait plutôt été une idée désastreuse. Ces raisins avaient tous été destinés à un usage spécifique. Les raisins de Merlot servaient à faire du merlot. La dernière et précieuse récolte de sangiovese, qui avait été réduite cette année, devait être utilisée pour faire du sangiovese. Les raisins nebbiolo devaient servir à produire du barolo.

Et ainsi de suite. Olivia se couvrit le visage avec les mains quand elle se souvint de l’audace avec laquelle elle avait agi. Quelle idiote elle avait été.

– J’ai fait quelque chose de stupide. Je les ai tous utilisés. Pour mener mon expérience ridicule, j’ai gaspillé les raisins qui auraient dû servir à produire des centaines de bouteilles de vin onéreuses.

– Oh, mon Dieu ! s’exclama Bianca d’un air inquiet.

– Je ne m’en suis rendu compte que cet après-midi, quand Antonio, le cadet des trois Vescovi, est entré pour rédiger un rapport pour Nadia avant de partir lui-même en vacances. Il était horrifié. Il a failli s’enfuir quand il a découvert ce que j’avais fait. Nadia a très mauvais caractère. C’est sa sœur aînée.

– Moi aussi, j’aurais eu peur, convint Bianca.

– J’ai essayé de rédiger un courriel pour Marcello mais, depuis qu’on en parle, je commence à me demander si une excuse en personne ne serait pas plus indiquée.

– Je suis d’accord. Ce serait beaucoup mieux. Il faut que tu en parles avec lui. Ça me paraît être la meilleure idée, dit Bianca.

– Comment ça va, au travail ?

Olivia espéra que les dernières péripéties de la vie quotidienne à l’agence de publicité la distrairaient assez pour lui permettre d’oublier la tâche inquiétante qui l’attendait mais, pendant qu’elle bavardait avec Bianca, elle se rendit compte qu’elle repensait constamment au face à face effrayant qui occupait maintenant la plus grande partie de son avenir proche.

Elle redoutait la déception qu’elle verrait dans les yeux de Marcello quand elle lui avouerait ses actions irréfléchies.

*

Le lendemain matin, l’orage s’était calmé. Un soleil frais et brillant entrait par la fenêtre de la chambre d’Olivia. Elle sortit discrètement de son lit pour ne pas déranger Pirate, qui dormait à côté de ses pieds, et contempla la vue.

Les derniers nuages gris se dissipaient et le ciel de début de matinée avait à nouveau l’air bleu et bienveillant. Olivia aimait la façon dont les rayons les plus bas donnaient un air plus dramatique au paysage, assombrissaient et allongeaient les ombres des arbres et approfondissaient et vivifiaient le vert des collines et des champs. Ce n’était que maintenant qu’elle se rendait compte que le paysage avait été très sec à la fin de l’été, poussiéreux et marron doré, encore privé des pluies nourricières que l’hiver apporterait.

Olivia décida de se mettre au travail tôt pour pouvoir aller retrouver Marcello avant que Nadia n’arrive. Comme ça, il comprendrait à quel point elle était désolée et avec quel empressement elle voulait réparer sa faute.

Quand Nadia se serait calmée, Olivia s’en tirerait peut-être avec un avertissement et une baisse de salaire correspondant aux coûts des dégâts qu’elle avait causés.

Elle consulta la météo. Il ne devait pas pleuvoir aujourd’hui, ce qui signifiait qu’elle et Erba allaient pouvoir se rendre au travail à pied et qu’Olivia ne serait pas obligée d’utiliser son vieux pick-up gris Fiat, qui était garé sur le côté de la ferme.

Olivia ouvrit l’armoire en bois qu’elle avait achetée dans un magasin d’occasion et avait passé un week-end à poncer et à vernir. Les tons chauds du bois naturel allaient parfaitement bien avec la nuance crème qu’elle avait choisie pour les murs de la chambre et avec les rideaux jaunes. Cette palette de couleurs donnait à la chambre une atmosphère joyeuse et douillette qui correspondait elle aussi à l’atmosphère de la ferme.

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