Mûr pour la Pagaille - Грейс Фиона страница 5.

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Olivia avait été déçue et en avait conclu à raison que Gabriella l’avait fait rien que pour l’agacer.

Maintenant, elle était contente que Jean-Pierre, qui avait été embauché parce que Paolo n’était plus disponible, semble avoir des talents remarquables pour énerver Gabriella. Ce n’était pas la première fois qu’ils se disputaient. Olivia ne pouvait s’empêcher de se sentir satisfaite à chaque fois qu’elle les entendait élever la voix. Elle espérait que cela montrait à Gabriella que les actions mesquines pouvaient avoir des conséquences imprévues.

– Nous proposons une offre spéciale aux clients pendant les prochaines semaines, dit-elle à Jean-Pierre. S’ils prennent le menu de dégustation complet, ils pourront goûter le tout premier vin pétillant Metodo Classico de La Leggenda.

Les yeux de Jean-Pierre s’illuminèrent. Olivia avait déjà découvert que le vin pétillant, et surtout le champagne français, était sa boisson préférée.

– Excellent. Je trouve que ce vin pétillant est exceptionnel, dit-il avec enthousiasme. Je sais que les clients l’aimeront.

– C’est un bijou de vinification, convint Olivia.

La mention de la vinification la fit frissonner d’inquiétude en lui rappelant que tout un monde d’ennuis l’attendait.

Or, à ce moment, un cri perçant résonna de l’extérieur de la salle de dégustation.

– Olivia ! Où est Olivia ? Je veux lui parler immédiatement.

Olivia sentit le découragement l’envahir. Du coin de l’œil, elle vit Gabriella s’attarder à l’entrée du restaurant avec une expression intéressée, comme si elle avait senti qu’Olivia allait avoir des ennuis.

Nadia était arrivée.

Elle n’avait pas encore pu s’excuser auprès de Marcello et, maintenant, elle ne le pourrait plus. Elle serait obligée de supporter toute la furie de Nadia et sa terrible erreur serait dévoilée à toute l’exploitation viticole.

CHAPITRE TROIS

– Olivia ! Te voilà !

Nadia entra brusquement dans la salle de dégustation.

Elle tenait une carafe remplie d’un liquide rose éclatant à la main droite. Elle gesticulait frénétiquement avec la gauche.

Olivia sentit une poussée d’angoisse. Le vin était d’une couleur magnifique, presque comme un bijou. Il était tragique qu’une chose d’une beauté aussi éclatante soit celle qui allait causer sa chute.

– Où est Marcello ? Est-il ici ? demanda Nadia.

Olivia déglutit. C’était pire que ce qu’elle avait imaginé. Si Nadia exigeait que Marcello soit présent, cela signifiait que ce qu’Olivia avait fait était impardonnable.

– Je ne sais pas où il est. Je le cherche parce que – euh —

Elle ne termina pas sa phrase. L’excuse sincère qu’elle avait prévu de formuler était maintenant inutile.

Nadia grimaça.

– Quel dommage. Eh bien, j’imagine qu’il va falloir qu’on en discute à deux, dans ce cas. Avec Jean-Pierre, bien sûr.

Son visage s’illumina, comme si elle était heureuse de trouver un public plus grand.

Olivia la contempla, stupéfaite, consternée.

Jean-Pierre ? Pourquoi fallait-il l’impliquer dans cette affaire ? Est-ce que Nadia allait la licencier et demander à Jean-Pierre de la remplacer ?

Risquant un coup d’œil vers le restaurant, Olivia vit l’expression de joie malsaine de Gabriella. La restauratrice les observait depuis la porte et se délectait de l’épreuve que traversait Olivia.

– Jean-Pierre, mon beau chéri.

Nadia lui adressa un grand sourire. Elle s’était immédiatement entichée du Français mince et spontané. Ces deux-là semblaient être des âmes-sœurs qui avaient tout de suite reconnu leurs traits de personnalité principaux chez l’autre.

– Va nous chercher des verres, merci beaucoup, jeune, petit, beau, grand homme.

Comment l’appelait-elle ? Beau jeune homme petit et grand ? Comme Olivia n’avait qu’une connaissance limitée du français, elle ne pouvait dire si ce fatras de mots était ne serait-ce que correctement conjugué. Elle ne pensait pas que Nadia le savait mieux qu’elle. La vigneronne semblait aimer pratiquer son français exécrable à l’oral et, même si Jean-Pierre grimaçait parfois à cause de l’accent de Nadia, il trouvait amusant d’entendre sa langue déformée par inadvertance.

Même si Olivia travaillait dur pour améliorer son italien et même si elle le comprenait mieux jour après jour, elle était beaucoup trop timide pour le parler et ne pouvait qu’admirer la bravade dont Nadia faisait preuve quand elle tentait de parler une langue étrangère.

Perplexe, Olivia regarda Jean-Pierre tendre le bras par-dessus le comptoir et sortir trois verres de dégustation d’un geste élégant.

Souriant fièrement, Nadia versa du vin dans chaque verre.

– Jean-Pierre, goûte ça. C’est le tout premier rosé de La Leggenda et c’est ta patronne qui l’a conçu !

Elle fit un grand sourire à Olivia qui, choquée, faillit laisser tomber son verre. La situation n’évoluait pas comme elle l’avait prévu.

– C’est encore un très jeune vin, mais il correspond idéalement à sa raison d’être : nous le vendrons et nos clients le boiront l’été prochain. Comme ça, il n’aura pas besoin de trop mûrir avant d’être mis en bouteille. Comme tu t’en rends compte, c’est une merveille absolue. Il est plus qu’excellent : il est magnifique. Olivia, je crois que, avec ton expérience, tu as créé un autre Miracolo, un vin qui n’aurait pas dû fonctionner mais qui a fonctionné quand même et qui rapportera un succès et des louanges extraordinaires à notre exploitation viticole.

Nadia sirota le vin, apparemment passionnée.

Olivia se pencha contre le comptoir. Elle était reconnaissante de pouvoir s’appuyer contre lui à cause de ses jambes flageolantes.

Nadia aimait son vin ? Où étaient les ennuis qu’elle avait anticipés ? La vigneronne ne semblait pas du tout être en colère qu’Olivia ait utilisé les raisins. L’espace d’un instant, elle se demanda si elle n’était pas encore endormie dans son lit et si tout cela n’était pas un rêve étrange.

Elle remua un pied pour vérifier.

Non, elle n’était pas endormie. Si elle l’avait été, Pirate lui aurait griffé un orteil et elle se serait réveillée. De toute façon, Jean-Pierre et Nadia étaient encore en train de parler de sa création.

– C’est délicieux, convint Jean-Pierre. J’adore le bon rosé. C’est un bon exemple de vin très moderne. Il a un goût subtil, complexe et il est très facile à boire.

– Exactement, dit Nadia en claquant la paume de la main sur le comptoir. En ce qui concerne les ventes, le rosé est le type de vin qui se vend le mieux, surtout sur le marché américain.

– Pourquoi ? demanda Jean-Pierre.

Olivia voyait qu’il était prêt à retenir ce que dirait Nadia pour améliorer sa connaissance du vin.

– Certaines personnes pensent que c’est parce qu’il plaît à la génération Y, qui l’adore, mais d’autres pensent que c’est parce qu’on produit beaucoup de rosés de bonne qualité de nos jours, expliqua Nadia. Il y a trente ans, les rosés étaient très mauvais et trop sucrés, du sirop pour la toux rose vif, pas mieux. De nos jours, la plupart des rosés sont secs ou demi-secs et d’une qualité largement supérieure. De plus, leur belle couleur est un argument de vente supplémentaire.

Finalement, Olivia osa goûter son vin. Elle inspira son arôme floral frais avec une nuance de melon. Elle avait adoré son bouquet distinctif et charmant. Maintenant qu’elle pouvait le réévaluer, elle décida que son goût était riche en cerise, en fraise et en herbes sauvages, avec une saveur piquante d’agrumes qui apportait une finition agréablement sèche.

– Comment fabrique-t-on du rosé ? demanda Jean-Pierre. Est-ce qu’on mélange du vin rouge à du vin blanc ?

Nadia leva les yeux au ciel et le contempla affectueusement.

– C’est mal vu, ou même exclu. Traditionnellement, on fabrique le rosé avec des raisins rouges. Sa couleur étonnante s’obtient en laissant la peau sur les raisins pendant une période très brève du processus, un jour ou deux, pas plus.

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